À Kiev, les protestataires occupent le ministère de la Justice depuis dimanche soir. Alors que la contestation s’étend à toute l’Ukraine, l’opposition fait la sourde oreille aux concessions proposées par le président Ianoukovitch.
La situation s'est tendue dimanche 26 janvier dans les régions d'Ukraine, où les occupations des administrations et les manifestations parfois accompagnées de violences se multiplient entre contestataires pro-européens et autorités ayant opté pour un rapprochement avec Moscou.
La propagation du mouvement, accompagnée de nouveaux heurts à Kiev, accentue la pression sur le pouvoir et l'opposition pour trouver une entente, alors que les concessions mises sur la table samedi par le président Viktor Ianoukovitch - la formation d’un nouveau gouvernement dirigé par l’opposition et une révision de la Constitution - ont été jugées insuffisantes.
À Kiev, les manifestants ont occupé le ministère de la Justice dimanche soir et en ont bloqué l’accès jusqu’à nouvel ordre. Lundi matin, la ministre de la Justice, Olena Loukach, a menacé les protestataires de demander l’instauration de l’état d’urgence et la rupture des pourparlers entre le gouvernement et l’opposition si le bâtiment n’était pas libéré.
Selon l'agence Interfax-Ukraine, Vitali Klitschko, l’un des leaders de l’opposition actuellement en négociations avec le président Ianoukovitch, s'est rendu sur place dans la nuit et a demandé aux manifestants de quitter les lieux, sans succès.
itLe parti présidentiel interdit par des Assemblées régionales
Cette occupation symbolique s’accompagne d’un durcissement des positions hors de la capitale. Les sièges des administrations de la plupart des provinces de l'ouest, nationalistes, davantage tournées vers l'Union européenne et fermement opposées au président, sont depuis plusieurs jours aux mains des manifestants qui réclament le départ des gouverneurs nommés par le chef de l'État. Dans cette partie de l'Ukraine, les Assemblées régionales d'Ivano-Frankivsk et de Ternopil ont fait savoir dimanche qu'elles avaient voté en faveur d'une interdiction pure et simple du Parti des régions de Viktor Ianoukovitch.
L'administration régionale est désormais bloquée dans 14 des 25 provinces par les contestataires. Ceux-ci occupent les bâtiments abritant les bureaux des gouverneurs dans dix villes de cette ancienne république soviétique, souvent à la suite d'affrontements avec les forces antiémeutes, et en font le siège dans quatre autres. Même si ces actions se déroulent essentiellement en Ukraine occidentale, les autres régions, y compris russophones, sont à leur tour touchées. Et il y a eu des manifestations dans presque tous les grands centres régionaux.
Une session extraordinaire du Parlement ukrainien, consacrée à la situation politique, doit s'ouvrir mardi, ce qui met la pression sur les différentes parties pour parvenir avant cette date à un accord. Le même jour, un sommet doit réunir l'Union européenne et la Russie, que les Européens accusent d'avoir usé de son influence en vue de convaincre l'Ukraine de renoncer à un accord d'association avec Bruxelles. Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, est, pour sa part, attendue à Kiev jeudi et vendredi.
Avec AFP