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Soupçonnée début janvier d'avoir convoyé des armes vers la Syrie voisine, la très controversée organisation humanitaire islamique turque IHH est dans le collimateur de la police. Ses locaux ont été perquisitionnés mardi à Kilis, dans le sud du pays.
La police a perquisitionné, mardi 14 janvier, les bureaux de l'organisation humanitaire islamique turque IHH (Foundation for Human Rights, Liberties, and Humanitarian Relief) à Kili, dans le sud de la Turquie, suite aux accusations proférées début janvier, contre l’ONG stambouliote, d'avoir convoyé des armes à destination de la Syrie voisine, en proie à la guerre civile.
Cette perquisition fait partie d'un "complot", a riposté le vice-président del’IHH, Huseyin Oruc, qui a confirmé l'opération de la police à l’AFP. Selon l’ONG, très active dans les pays musulmans, les opérations de police de ce mardi seraient l'œuvre des "légionnaires d'Israël", rapporte le correspondant du Monde sur son compte Twitter.
Soupçons de trafic d’armes vers la Syrie
Le 1er janvier, selon le journal à gros tirage Hürriyet, les gendarmes turcs, agissant sur une information, avaient intercepté un poids-lourd turc à Kirikhan, dans la province de Hatay (sud) frontalière avec la Syrie, et interpellé trois personnes, deux Turcs et un Syrien. Des roquettes et des munitions avaient été retrouvées dans le véhicule dont les chauffeurs affirmaient transporter de l'aide humanitaire pour le compte de l'organisation caritative islamiste turque IHH, a précisé le journal.
Un porte-parole de l'ONG avait alors catégoriquement rejeté ces accusations, les qualifiant de "calomnieuses". Le lendemain de cette opération, le nouveau ministre de l'Intérieur Efkan avait volé au secours d’IHH en démentant les informations de la presse locale. "Le camion était chargé d'aide pour la communauté turkmène de Syrie", avait-il déclaré, peu après avoir prêté serment au Parlement. Si elles se confirment, ces informations pourraient mettre à mal la position officielle de la Turquie, qui si elle soutient ouvertement l'opposition au président syrien Bachar al-Assad, dément officiellement toute livraison d'armes vers ce pays voisin.
Plusieurs médias turcs ont présenté cette affaire comme un épisode du conflit qui oppose le gouvernement islamo-conservateur turc à la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, sur fond de scandale politico-financier visant le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
Une ONG très controversée
Soupçonnée d'avoir des liens avec des extrémistes islamiques et réputée très proche de l’AKP d’Erdogan, l’IHH se présente comme une organisation d’inspiration islamique dont le but est d’apporter aide et soutien à des musulmans dans des zones de guerre ou de tensions.
Fondée en 1990, elle avait fait une entrée fracassante sur la scène internationale en affrétant en 2010 une flottille humanitaire destinée à briser le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza. L'opération menée par l'armée israélienne pour bloquer cette flottille s'était soldée par la mort de neuf citoyens turcs et a durablement altéré les relations diplomatiques israélo-turques.
Dans un rapport publié en 2006 par l’Institut danois d’études internationales, le spécialiste américain du terrorisme Evan F. Kohlmann note que l’ancien magistrat français Jean-Louis Bruguière –alors juge spécialisé dans la lutte anti-terroriste- soupçonnait le président de l’IHH, Bulent Yildrim, de "faire du recrutement pour le djihad".
Avec AFP