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Grève des taxis : blocage et actes de violence à Paris

Alors que des centaines de taxis ont entamé une journée de grève pour dénoncer la hausse de la TVA et la "concurrence déloyale" des véhicules de tourisme avec chauffeur, une voiture Uber a été vandalisée par des manifestants en colère.

“Je me suis fait attaquée dans une voiture Uber par des conducteurs de taxi en grève à côté de l’aéroport de Paris : les vitres ont été cassées, les pneus crevés et le véhicule a été vandalisé”. Kat Borlongan, co-fondatrice de "Five by Five", une start-up française spécialisée dans l’open data, affirme même souffrir de blessures aux mains. L'incident qu’elle a relaté, lundi 13 janvier, sur Twitter, reflète la colère des taxis face à la concurrence des VTC (Véhicules de tourisme avec chauffeur).

Je me suis fait attaquée dans une voiture @Uber par des conducteurs de taxi en grève à côté de l’aéroport de Paris : les vitres ont été cassées, les pneus crevés et le véhicule a été vandalisé

La mésaventure vécue par cette entrepreneuse semble, pour l’instant, ne pas être un acte isolé. Ainsi, un journaliste du "Parisien" relate, toujours sur Twitter, avoir assisté à des jets de pierre de taxis grévistes et la société Uber, leader mondial du controversé secteur des véhicules avec chauffeur, a recensé plusieurs cas de pneus crevés, selon "Le Monde". De son côté, la CFDT Taxi a condamné “la casse” tout en confirmant qu’il y a eu “des insultes, des œufs cassés” visant des VTC et taxis qui ne faisaient pas grève.

Entre 600 et 700 taxis ont partiellement bloqué, lundi matin, la sortie de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle vers Paris. D’autres se sont rendus à Orly dans le même but. Tous entendent ainsi manifester contre la hausse de la TVA - qui doit passer de 7 % à 10 % - mais surtout contre ce qu'ils jugent être de la “concurrence déloyale” des VTC. “Mon taxi, non gréviste, m’explique que les VTC ‘sont des tarés, sans aucune réglementation’”, raconte, toujours sur Twitter Ruben Sfadj, ancien avocat d’affaires et responsable juridique à Marseille-Provence 2013. Son conducteur se plaint que ces nouveaux concurrents “font ce qu'ils veulent, ils baissent les prix et ils sont dispo 24h/24. Ce n'est pas normal".

Le Conseil d'État saisi

Un ras-le-bol résumé par Dominique Prudhomme, du syndicat FO, qui dénonce à l’AFP “une situation de plus en plus précaire”. “On paie notre licence 230 000 euros, alors que les VTC ne paient que 120 euros, vous trouvez ça normal ?”, se plaint-il.

Ce mouvement de révolte des taxis français contre la multiplication des solutions alternatives de transports comme Uber, Snapcar ou Allocab n’est pas une première. À l’automne 2013, plusieurs grèves de conducteurs de taxi à travers le pays avaient abouti à une première victoire. Le gouvernement avait, alors, décidé d’imposer aux VTC 15 minutes d’attente entre une prise de réservation et l’arrivée du véhicule. Une mesure qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2014.

Si cette première contrainte imposée à leurs concurrents n’a pas suffi aux taxis, les VTC ne comptent pas rester sans rien faire. En octobre dernier, ils ont lancé, sur l’Internet, le mouvement des “Dodos” pour protester contre ce délai de 15 minutes. La société Allocab a, quant à elle, décidé de passer de la protestation en ligne à l’action en justice. Elle a déposé, lundi 13 janvier, un recours en référé devant le Conseil d’État contre cette mesure. Allocab affirme que ces 15 minutes introduisent une “distorsion de concurrence” illégale. Le Conseil d’État devrait statuer d’ici une dizaine de jours sur cette question.