Des centaines d'Israéliens, et non les milliers attendus, se sont recueillis dimanche devant le cercueil d'Ariel Sharon, exposé devant la Knesset à Jérusalem. Les funérailles et une cérémonie officielle doivent avoir lieu lundi.
L'État hébreu a rendu hommage dimanche 12 janvier au général Ariel Sharon, décédé la veille après huit ans de coma. Les Israéliens étaient invités à s'incliner devant son cercueil exposé devant la Knesset, le Parlement israélien, jusqu'à 18 heures.
Si la presse locale avait annoncé des milliers de personnes pour venir se presser autour de la dépouille de l’ancien Premier ministre, les Israéliens ont été moins nombreux qu’attendus. "Tout avait été préparé pour accueillir une énorme foule. Il y avait des centaines de personnes mais pas les milliers attendues", précise Gallagher Fenwick, le correspondant de FRANCE 24 en Israël.
Le conseil des ministres hebdomadaire, présidé par Benjamin Nétanyahou, a observé une minute de silence à la mémoire de celui que l'on surnommait "le Lion". Le Premier ministre a de nouveau salué en son rival politique un "grand soldat".
Lundi, une cérémonie commémorative officielle sera organisée à la Knesset, avant des funérailles militaires en début d'après-midi dans le ranch familial des Sycomores, non loin de la frontière avec Gaza. Ariel Sharon a souhaité y être inhumé aux côtés de sa deuxième épouse Lily.
Le vice-président américain Joe Biden, ainsi que l'ex-Premier ministre britannique Tony Blair, émissaire du Quartette pour le Proche-Orient, et le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, en visite officielle au même moment, participeront à l'hommage officiel au Parlement.
"Généreux et cruel"
Tous les médias israéliens consacraient leurs éditions à la mort de l'ancien chef de guerre et homme fort de la droite nationaliste, avec force panégyriques, photos et témoignages de compagnons d'armes. "Il fut un génie, à la fois généreux et cruel", résume l'éditorialiste Shalom Yerushalmi dans le "Maariv". "De la même façon qu'il était dur avec lui même, en particulier sur les champs de bataille, il manifestait un mépris pour ses opposants (...) C'était Sharon pour le meilleur et pour le pire", rappelle-t-il.
Même à gauche, le quotidien "Haaretz", pourtant farouche adversaire de Sharon, lui tresse des couronnes. "Depuis le départ de Sharon, Israël manque d'un leadership politique qui reconnaisse les limites de la force, maintienne l'alliance avec les États-Unis et fasse preuve de courage dans les Territoires (palestiniens) sans se laisser impressionner par les colons."
L'homme honni des Palestiniens
Mais il restera aussi dans l'Histoire comme l'artisan en 1982 de la désastreuse invasion du Liban, alors qu'il était ministre de la Défense. Une commission d'enquête israélienne a conclu à la "responsabilité indirecte" mais personnelle de Sharon dans le massacre de centaines de civils palestiniens par ses alliés phalangistes chrétiens libanais dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila à Beyrouth en septembre 1982.
De Gaza à Ramallah, et de Jénine aux camps de réfugiés du Liban, les Palestiniens n'ont pas caché leur immense joie à l'annonce du décès du "criminel Sharon", mais aussi leurs regrets que le général israélien n'ait pas comparu devant la justice internationale.
Human Rights Watch (HRW) a également jugé "regrettable que Sharon aille vers sa tombe sans répondre devant la justice de son rôle à Sabra et Chatila et d'autres violations" des droits de l'Homme.
Avec AFP