logo

Les nationalistes basques défient Madrid et soutiennent l'ETA à Bilbao

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi dans les rues de Bilbao en soutien aux prisonniers de l'ETA et ce malgré l'interdiction par Madrid du rassemblement.

Ils sont descendus en masse dans les rues de Bilbao pour défier le pouvoir espagnol. Malgré l'interdiction de manifester, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de la ville du nord de l'Espagne samedi 11 janvier à l'appel des nationalistes et indépendantistes basques, en soutien aux prisonniers de l'ETA.

Officiellement, le mot d'ordre était celui d'un défilé silencieux. Mais c'est aux cris de "Prisonniers basques à la maison" que les manifestants ont marché, éclatant en applaudissements au passage du cortège des familles de militants emprisonnés du groupe armé ETA, très émus, foulard blanc autour du cou.

Sous le mot d'ordre "Droits de l'Homme, accord, paix", les partis de la gauche indépendantiste, deuxième force politique du Pays basque, et les nationalistes conservateurs du PNV, à la tête du gouvernement régional, avaient convoqué ensemble cette marche.

Un rendez-vous annuel qui a pris un visage particulier, puisque c'est la première fois depuis 1999 que le PNV se joignait à une manifestation des indépendantistes. "Cette manifestation me paraît très importante, c'est un pas vers une solution au problème du Pays basque, parce que c'est l'union des forces nationalistes et indépendantistes", a lancé Maria Jesus Etxebarria, une retraitée de 73 ans venue de San Sebastian.

Le sort des prisonniers basques au cœur de la mobilisation

Mais pour Asuncion Aranburu, le sort des prisonniers basques est bien au cœur de la mobilisation. "Le slogan a changé, mais c'est celui des droits de l'Homme, de la paix et de la résolution du conflit. Et les droits des prisonniers s'inscrivent dans les droits de l'Homme", remarquait cette femme de 49 ans qui parcourt chaque semaine 1 400 kilomètres pour aller rendre une brève visite à son époux en prison.

Cette fois, l'interdiction par la justice espagnole, vendredi, de la manifestation prévue pour réclamer la fin de la "dispersion" des prisonniers de l'ETA a précipité cette réponse commune des deux forces politiques, qui représentent plus de la moitié de l'électorat basque.

Revendication historique de l'ETA et de la gauche indépendantiste, la fin de la "dispersion" fait figure, après l'abandon de la violence le 20 octobre 2011 par le groupe séparatiste, d'abcès de fixation dans le face à face l'opposant à Madrid.

Selon le réseau de soutien aux prisonniers Etxerat, 520 militants sont aujourd'hui détenus dans des dizaines de prisons espagnoles et françaises, une politique de dispersion pratiquée depuis 25 ans par l'Espagne dans le but d'empêcher les prisonniers de se réorganiser derrière les barreaux.

Mais l'actuel gouvernement de droite espagnol reste inflexible dans son refus de toute concession à l'ETA, qui refuse de désarmer, et réclame la dissolution sans condition du groupe, rendu responsable de la mort de 829 personnes en 40 ans de violences pour l'indépendance du Pays basque et de la Navarre.

Avec AFP