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Pêche : Dakar excédé par le pillage des navires étrangers

Un chalutier russe, surpris en pleine pêche illégale dans les eaux sénégalaises, a été arraisonné par Dakar dimanche. La côte ouest africaine, réputée pour ses ressources halieutiques, attire de nombreux navires étrangers.

C'est la troisième fois cette semaine. Dimanche 5 janvier, le Sénégal a arraisonné un chalutier russe, après l'avoir surpris en train de pêcher dans ses eaux territoriales. Cette fois-ci, l'arête leur est restée en travers de la gorge. "Il ne faut pas que des étrangers viennent piller nos ressources. Nous ne permettrons pas cela", a déclaré Haïdar El-Ali, le ministre de la Pêche sénégalais, après avoir envoyé des commandos intercepter le navire.

Le chalutier russe est actuellement amarré au port de Dakar. Le Sénégal, excédé par les allées et venues clandestines des Russes sur son espace maritime, réclame à titre d'exemple 610 000 euros d’amende à Moscou pour pêche frauduleuse. "Le ‘Oleg Naydeno’ [le chalutier russe, NDLR] est en multi-récidive [...]. Nous allons lui infliger un maximum de charges. Parce qu'en cas de récidive, nous pouvons doubler cette amende, nous allons la porter à 400 millions de FCFA [environ 610 000 euros, NDLR]", a ajouté El-Ali

Le Sénégal a également "la possibilité d'amener cette affaire en justice parce qu'il y a eu refus d'obtempérer" de la part du commandant du bateau lors de l'opération d'arraisonnement par la Marine. "Cela ne fait qu'aggraver leur situation. [...] Ce sont des bandits et nous lutterons contre ces bandits", a-t-il ajouté.

Une perte de 230 millions d’euros pour le Sénégal

Lors de la visite du ministre, des militaires en armes étaient visibles sur le bateau et autour. D'après les médias russes, le navire comptait à son bord environ 80 personnes - une soixantaine de Russes, une vingtaine de Bissau-Guinéens.

La côte ouest africaine est une zone particulièrement poissonneuse. Les chalutiers, battant pavillon russe notamment, raclent en toute illégalité les fonds marins et récupèrent dans leurs filets - en une journée - autant de poissons que 50 pirogues sénégalaises en un an.

"Le Sénégal perd tous les ans 150 milliards de francs CFA [230 millions d’euros] à cause de ces bateaux qui pêchent de manière illicite", a souligné le ministre de la Pêche. Les conséquences de cette surpêche touchent désormais l'économie sénégalaise depuis le petit pêcheur jusqu’aux consommateurs qui voient les prix s'envoler sur les marchés - en raison de la pénurie grandissante. Sans parler du désastre écologique qui en résulte : de nombreuses espèces sont aujourd’hui menacées d’extinctions et les fonds marins, qui supportent de moins en moins les passages de ces gros navires étrangers, sont partiellement détruits.