Les forces irakiennes se préparent à lancer un assaut majeur pour reprendre la ville de Fallouja, à 60 km à l’ouest de Bagdad, tombée entre les mains d’Al-Qaida, le 4 janvier. Bagdad assure "vouloir écraser les terroristes".
Ils comptent passer à l’offensive d’ici peu. Les forces de sécurité irakienne se mettent en ordre de bataille pour reprendre la ville de Fallouja, définitivement tombée, samedi 4 janvier, aux mains des combattants de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) un groupe d’islamistes sunnites lié à Al-Qaïda.
Les forces spéciales ont déjà mené des opérations dans la ville. Mais cette fois, l'armée, déployée tout autour, prépare une "attaque majeure", a assuré un responsable gouvernemental. Une fois que les habitants auront quitté la ville, "nous lancerons l'attaque pour écraser les terroristes", a-t-il ajouté. Dimanche soir, des échanges de tirs intermittents étaient entendus à la périphérie de Fallouja mais aucun combat n'a été signalé à l'intérieur, selon des témoins.
"Nous ne céderons pas"
Les combattants de l’EIIL ont également pris le contrôle de quartiers de Ramadi, 50 km plus à l'ouest, après des violences provoquées, lundi 30 décembre, par la fermeture d'un camp de manifestants sunnites hostiles au Premier ministre chiite, Nouri al- Maliki.
L'EIIL, l'un des groupes islamiques les plus radicaux engagés dans la guerre contre le président Bachar al-Assad en Syrie, a accentué ces derniers mois son influence dans la province d'Anbar, dans l'ouest de l'Irak, poursuivant son grand projet de création d'un vaste État sunnite dans la région.
C'est la première fois que des combattants d'Al-Qaïda prennent directement le contrôle de zones urbaines depuis l'insurrection sanglante, qui avait suivi l'invasion américaine de l'Irak en 2003 et la chute du régime de Saddam Hussein. Les deux villes avaient été des bastions d'insurgés et les forces américaines y avaient subi leurs plus lourdes pertes depuis la guerre du Vietnam. "Nous ne céderons pas tant que nous n'aurons pas vaincu tous les groupes terroristes et sauvé notre peuple à Al-Anbar", a assuré samedi le Premier ministre irakien.
Iran versus États-Unis
Washington observe avec attention l’évolution de la situation, mais ne compte pas intervenir. "Il revient aux forces irakiennes de mener la bataille", a souligné John Kerry, le secrétaire d’État américain, en visite au Proche-Orient. "Nous les aiderons dans leur combat mais c'est un combat qu'elles doivent à terme gagner elles-mêmes et j'ai confiance dans le fait qu'elles peuvent y parvenir", a-t-il déclaré, désignant l'EIIL comme "l'acteur le plus dangereux dans la région".
L’Iran, de son côté, à majorité chiite, a annoncé être prêt à fournir des équipements militaires à son voisin irakien pour lutter contre Al-Qaïda. "Si les Irakiens en font la demande, nous leur fournirons des équipements et des conseils mais ils n'ont pas besoin d'hommes", a déclaré le général Mohammad Hedjazi, adjoint du chef d'état-major des forces armées, cité par l'agence officielle IRNA.
Il a ajouté qu'il n'y avait pas eu "de demande pour mener des opérations communes contre les terroristes". Depuis la chute de Saddam Hussein, l'Irak, à majorité chiite, s'est rapproché de l'Iran et Nouri al- Maliki est souvent accusé d'être sous l'influence de Téhéran.
Aucun bilan des violences n'était disponible mais les autorités irakiennes ont fait état de plus de 160 morts, essentiellement des membres de l'EIIL, vendredi et samedi.
Avec AFP