Depuis le 3 janvier, les combats font rage entre rebelles syriens et djihadistes. Les premiers accusent les seconds de profiter des combats contre l'armée de Bachar al-Assad pour tuer et enlever des innocents, ce qui ternit l’image de la rébellion.
Les rebelles syriens veulent récupérer leur révolution. En moins de 24 heures, des dizaines de djihadistes ont été capturés ou tués par la rébellion, qui veut mettre un terme aux abus de ses anciens alliés. "Au moins 36 combattants membres et proches de l'État islamique en Irak et au Levant [EIIL, filiale d'Al-Qaïda, NDLR] ont été tués depuis vendredi dans la province d'Idleb et une centaine ont été capturés par des rebelles dans cette région" dans le nord-ouest de la Syrie, rapporte samedi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Les djihadistes, grâce à leur connaissance assidue du terrain et leur solide organisation, avaient été bien accueillis par l'Armée syrienne libre lorsque leur révolte pacifique contre le régime de Bachar al-Assad s’était peu à peu transformée en conflit sanglant. Mais à force d’enlèvements de militants pacifiques et autres meurtres de rebelles non djihadistes, le bras armé de l'opposition a peu à peu pris ses distances avec ces groupes affiliés à Al-Qaïda.
L'Armée des Moudjahidine, une nouvelle coalition rebelle
Selon les récits de l’OSDH et de plusieurs militants, les violents combats de vendredi dans les provinces d'Idleb et d'Alep ont opposé l’EIIL à trois coalitions rebelles parmi lesquelles une nouvelle alliance baptisée l'Armée des Moudjahidine. “Nous promettons de nous défendre et de défendre notre honneur, nos biens, et nos terres, et de combattre l'EIIL, qui a enfreint les règles divines, jusqu'à ce qu'il annonce sa dissolution", a annoncé cette alliance composée de huit brigades armées, dans un communiqué publié sur Facebook vendredi. Le nombre exact de combattants dont elle dispose reste, pour l’heure, inconnu.
L'Armée des Moujahidine accuse formellement l'EIIL de "propager les combats et l'insécurité (...) dans les zones libérées [sous contrôle rebelle, NDLR], faisant couler le sang des combattants, les accusant à tort d'hérésie, et les chassant, eux et leurs familles, de zones qu'ils ont contribué à libérer" du régime de Bachar al-Assad.
Les deux autres coalitions rebelles ayant combattu vendredi aux côtés de l'Armée des Moujahidine sont le Front islamique, qui constitue la plus grande alliance de groupes rebelles, et le Front révolutionnaire syrien, un autre groupe rebelle important.
"Reconnaître l'importance de soutenir les forces révolutionnaires”
Sur le front politique, la Coalition nationale de l'opposition syrienne, principale structure de l'opposition en exil, a annoncé, dans un communiqué publié samedi, qu’elle soutenait "totalement" le combat des rebelles contre leurs anciens alliés djihadistes. Elle estime même "crucial" que "les forces rebelles continuent de défendre la révolution face aux milices du président Assad et aux forces d'Al-Qaïda qui essaient de trahir la révolution".
La Coalition espère désormais un coup de pouce de la communauté internationale et appelle celle-ci à "reconnaître l'importance de soutenir les forces révolutionnaires, leur partenaire dans le combat contre l'extrémisme d'Al-Qaïda". Mi-décembre, le Royaume-Uni et les États-Unis avaient suspendu leur aide non létale à la rébellion après que des combattants islamistes extrémistes se sont emparés d'un point de passage clé à la frontière turque, de locaux de l'Armée syrienne libre ainsi que de ses dépôts d'armes.
Depuis le début du conflit syrien en mars 2011, au moins 130 000 personnes sont mortes et plus de deux millions ont fui le pays selon les ONG.
Avec AFP