Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, une des principales sources d'information sur le conflit syrien, affirme que des islamistes extrémistes ont menacé de mort ses informateurs en Syrie.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme [OSDH], une des principales sources d'information des médias internationaux sur la guerre en Syrie, a affirmé lundi 30 décembre avoir reçu des menaces de mort d'"islamistes extrémistes".
"Récemment, nous avons reçu une grande quantité de menaces de morts [...] que ce soit la page [Facebook] de l'OSDH ou sur les comptes [Skype] et les courriers électroniques de nombreux de ses membres et des militants", a annoncé l'Observatoire, basé à Coventry, au Royaume-Uni, dans un communiqué.
Des menaces "d'islamistes extrémistes"
Le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, a affirmé à l'AFP qu'il s'agissait de menaces adressées par "des islamistes extrémistes", sans nommer de groupes en particulier.
"Ces groupes tentent de localiser nos sources dans les régions, qui sont sous leur contrôle", a-t-il ajouté, notamment dans le nord, l'est et dans la province de Damas. "Ces sources sont menacées", a-t-il souligné, précisant qu'il s'agissait des menaces "les plus sérieuses" jamais reçues par l'ONG.
Depuis le début de la révolte en Syrie en mars 2011, qui s'est transformée en guerre, l'OSDH se fonde sur un large réseau de sources civiles, médicales et militaires pour donner, jour après jour, les bilans des morts mais également rendre compte des combats dans les différentes provinces syriennes.
Ses bilans et ses informations sont d'autant plus suivis par les médias internationaux et les chancelleries que les journalistes désertent le terrain, contraints et forcés, du fait des restrictions sur les visas, des snipers et des enlèvements.
En cause : une information publiée par l'OSDH sur la mort d'islamistes
Selon Abdel Rahmane, les menaces se sont multipliées après la publication vendredi par l'OSDH d'une information sur la mort de dizaines de rebelles islamistes dans une embuscade de l'armée syrienne près de Damas.
"À toutes les parties qui nous ont accusés d'avoir falsifié les faits, en affirmant que nous avons qualifié de rebelles des martyrs civils [...], nous leur réclamons de publier les noms, ou des photos de ces civils", a indiqué l'OSDH dans le communiqué.
"N'est-il pas étonnant que plusieurs jours après l'incident, il n'y ait pas eu de photos ou de noms d'un seul enfant ou d'une seule femme qui sont supposés avoir péri par dizaines dans cette embuscade?", s'interroge l'ONG.
Campagne de diffamation systématique contre l'OSDH
Elle a par ailleurs indiqué que ces menaces interviennent parallèlement à une "campagne de diffamation systématique contre l'OSDH lancée par des personnes qui se disent des opposants [...] et qui font de la surenchère et tissent des mensonges".
L'Observatoire a souligné que, tout en continuant à documenter les violations du régime syrien comme il le fait depuis le début de la révolte, il refuse "la falsification des faits de la part de toutes les parties".
Dans un entretien à l'AFP en octobre, Abdel Rahmane avait ainsi déclaré que le régime se rendait "coupable de dizaines d'atrocités au quotidien", mais que des crimes de guerre étaient aussi commis dans le camp adverse, notamment par les djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant [EIIL], affilié à Al-Qaïda.
Avec AFP