La Chine, qui possède de nombreux intérêts dans le secteur pétrolier sud-soudanais, est préoccupée par les combats qui font rage dans le pays. Depuis quinze jours, forces armées et rébellion s'affrontent pour le contrôle des régions pétrolifères.
Deux semaines après le début des combats qui menacent de dégénerer en guerre civile au Soudan du Sud, Pékin fait part de son inquiétude. "La Chine est très inquiète de l’évolution de la situation au Soudan du Sud", a d'ailleurs déclaré jeudi 26 décembre le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi.
Le géant commercial chinois possède, en effet, de nombreux intérêts dans le secteur pétrolier sud-soudanais, où sont impliqués les groupes d'État Sinopec et China National Petroleum Corp (CNPC]. Pour Pékin, laisser la guerre s’installer serait prendre le risque de perdre un marché considérable.
Le Soudan du Sud - qui tire 98 % de ses revenus de son or noir – n’a pas non plus intérêt à voir déguerpir son partenaire chinois, à qui il doit sa survie économique. Plus des deux tiers de sa production sont exportés vers Pékin. Et pourtant, mercredi 25 décembre, quelque 300 travailleurs chinois ont été évacués du site de Fuluj, au nord du pays, en raison de la proximité des combats.
Pour l’heure, Pékin a annoncé qu’il n’avait pas l’intention de fermer les sites sur lesquels travaillent ses ressortissants. Le pays a toutefois précisé qu’il pourrait continuer à évacuer son personnel si les combats se poursuivaient à Juba.
Contrôler le pétrole, c’est contrôler le pays
Les violences entre Dinkas et Nuers - ethnies respectives du président Salva Kiir et de son opposant Riek Machar - ont éclaté le 15 décembre à Juba, capitale de ce jeune État indépendant depuis 2011, et se sont rapidement étendues dans les régions pétrolifères et au-delà.
Ces derniers jours, les rebelles sud-soudanais se sont emparés de plusieurs puits au grand dam de Salva Kiir. Les deux camps savent pertinemment que contrôler les sites pétroliers revient à contrôler le pays.
La Chine, qui a toujours refusé de s’immiscer dans les affaires internes de ses partenaires, mais qui cherche à protéger ses investissements, a exceptionnellement décidé de jouer un rôle de médiateur pour tenter de renouer le dialogue entre les deux parties ennemies. Un émissaire chinois a été envoyé jeudi à Juba pour faire avancer les négociations.
De son côté, le Conseil de sécurité a approuvé mardi l’envoi de renforts pour la Mission des Nations unies au Soudan du Sud [Minuss], dont les effectifs doivent passer de 7 900 hommes à près de 14 000.
Selon les Nations unies, les combats, qui ont lieu dans cinq des dix États du Soudan du Sud, ont contraint 58 000 civils à demander la protection des casques bleus. L’organisation évalue à 92 500 le nombre de déplacés depuis le début des combats.