![Une journaliste ukrainienne pro-européenne passée à tabac Une journaliste ukrainienne pro-européenne passée à tabac](/data/posts/2022/07/18/1658175058_Une-journaliste-ukrainienne-pro-europeenne-passee-a-tabac.jpg)
Tetiana Tchornovil, une journaliste ukrainienne très critique à l’égard du pouvoir de Viktor Ianoukovitch et qui a été en première ligne dans les manifestations pro-européennes, a été violemment battue à Kiev dans la nuit du 24 au 25 décembre.
Elle a juste eu le temps de filmer la scène avec son téléphone portable. Dans la nuit du 24 au 25 décembre, la journaliste ukrainienne Tetiana Tchornovil, farouche critique à l’égard du pouvoir, a été sauvagement battue par deux inconnus dans la banlieue de Kiev alors qu’elle rentrait chez elle en voiture. Sur les images diffusées sur Internet, on voit un 4x4 lui barrer plusieurs fois la route jusqu’à ce que, trop abîmée, la voiture de la jeune femme ne puisse plus avancer.
La suite est particulièrement violente. Tetiana Tchornovil est rouée de coups. Elle a le nez cassé, de multiples hématomes sur le visage et le corps, une commotion cérébrale. Sur les photos publiées par "Ukraïniska Pravda", le journal pour lequel elle travaille, on la reconnaît à peine tant son visage est défiguré.
Selon ses collègues, Tetiana Tchornovil avait passé la journée du 24 décembre à enquêter autour des domiciles de Vitali Zahartchenko, le ministre de l’Intérieur, et de Viktor Pchonka, le procureur général, deux bêtes noires du régime pour l’opposition. Le jour de son agression, Tetiana Tchornovil avait publié un article sur Zahartchenko intitulé : "Le bourreau vit ici" en référence à la violente répression contre une manifestation étudiante le 30 novembre dernier. Elle y accusait également Pchonka de "couvrir les crimes" des policiers.
"Soit la police couvre ce crime, soit elle est complice"
L'opposition a aussitôt accusé les autorités d'être derrière cette agression. "Soit la police couvre ce crime, soit elle en est complice", a indiqué le parti Batkivchtchina de l'opposante Ioulia Timochenko. Le président ukrainien Vikor Ianoukovitch a, ironie de l'histoire, chargé le ministère de l’Intérieur et le procureur général d’enquêter sur l’agression de Tetiana Tchornovil… Vitali Zahartchenko a déclaré dès mercredi matin qu’il comptait privilégier la thèse d’une "provocation" visant à discréditer le pouvoir.
Dans les rues de Kiev, la nouvelle de l’attaque de la journaliste a choqué. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté mercredi 25 décembre devant le ministère de l'Intérieur en brandissant des portraits de la journaliste agressée. L’opposition a appelé à un rassemblement dimanche dans le centre-ville en signe de solidarité avec la jeune femme.
Le 2 décembre dernier, Reporters sans frontières (RSF) s’indignait déjà du déferlement de violence à l’égard des journalistes ukrainiens. "Depuis le 29 novembre 2013, pas moins de 45 journalistes ont été blessés lors des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. La plupart de ces attaques étaient délibérées", lit-on dans le communiqué de l'ONG. L’Ukraine figure à la 126e place sur 179 dans le classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par RSF.
Avec AFP