Des milliers de manifestants anti-gouvernement occupent l'aéroport international de Bangkok depuis mardi. Au grand dam des 3 000 touristes qui, fatigués et affamés, sont restés bloqués toute la nuit dans les terminaux.
Fatigués et affamés, de nombreux touristes, affalés sur leurs valises, sont restés bloqués pendant la nuit à l'aéroport international de Bangkok, fermé après avoir été pris d'assaut mardi par des milliers de manifestants antigouvernementaux.
Peu avant 13H00 (06H00 GMT) mercredi, des centaines de passagers, qui s'étaient retrouvés piégés dans la zone des arrivées, ont commencé à être évacués à bord d'autobus vers le centre de la capitale thaïlandaise, selon une correspondante de l'AFP.
Au total, plus de 3.000 passagers avaient été bloqués, selon les autorités.
Alors que des manifestants partageaient mercredi matin entre eux des bols de nouilles, de nombreux touristes assuraient n'avoir rien avalé depuis la veille.
"Nous venons en Thaïlande parce que nous aimons ce pays, mais tout cela laisse un sentiment très désagréable", témoigne Jean McCartan, une Britannique à la retraite.
Les conditions à l'aéroport Suvarnabhumi sont déplorables, les restaurants et autres boutiques ayant fermé, assure Mme McCartan, venue d'Argyll (Ecosse) et qui termine un séjour de trois semaines au "Pays des Sourires".
Les touristes se plaignent de ne recevoir aucune information, alors que, selon eux, le personnel de l'aéroport et d'embarquement a quitté les lieux dès l'arrivée des manifestants.
"Personne ne pouvait vraiment nous dire ce qui se passait. Et cela a rendu les gens vraiment furieux", ajoute Mme McCartan.
Dans le vaste terminal de départ, les touristes se pressent devant les écrans à l'affut de la moindre information. Mais c'est le rouge qui s'affiche, annonçant des annulations de vols (402 depuis mardi soir).
Selon le directeur de l'aéroport, Saereerat Prasutanont, "les opérations à l'aéroport Suvarnabhumi sont totalement interrompues depuis 04H00 locales (21H00 GMT mardi), que ce soit sur les vols en partance ou à l'arrivée, après le refus des manifestants de négocier avec personne d'autre que le Premier ministre".
Mercredi matin, la coalition des manifestants antigouvernementaux a déclaré "contrôler totalement" l'aéroport et a demandé aux compagnies aériennes de la consulter pour les autorisations de décollage et d'atterrissage.
Des routes d'accès à l'aéroport ont été bloquées par des membres de l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD), principale coalition d'opposition à l'origine des manifestations.
Des milliers d'opposants ont forcé mardi les barrages de police et pris d'assaut l'aéroport, par où transitent chaque année des millions de touristes, dans le cadre d'une "ultime bataille" pour renverser le gouvernement "corrompu" du Premier ministre Somchai Wongsawat.
Selon la police, plus de 8.000 manifestants, qui ont dormi sur place, continuaient à occuper les lieux mercredi, chantant et scandant des slogans antigouvernementaux, pour certains à l'aide de mégaphones. La police aéroportuaire se contentait de les regarder passivement.
"La police n'aurait jamais dû permettre que cela se produise", fulmine John Russell, un Anglais de Scarborough (nord).
Ces manifestations "durent depuis longtemps. C'est le travail du gouvernement et de la police d'empêcher les troubles, surtout quand des étrangers sont concernés", ajoute-t-il.
L'aéroport devait rester encore fermé pendant au moins toute la journée de mercredi, a indiqué un porte-parole du trafic aérien.