L'UEFA a différé le match retour des quarts de finale de la Ligue des Champions entre Liverpool et Chelsea prévu le 15 avril, date du 20e anniversaire de la tragédie de Hillsborough. Un drame qui hante toujours Anfield Road.
Vingt années ont passé depuis la tragédie de Hillsborough, qui avait fait 96 morts, le 15 avril 1989. Mais la douleur est toujours vive à Anfield Road, le stade mythique de Liverpool. Au point que l’UEFA a décidé d’avancer d’une journée la tenue du match retour Liverpool-Chelsea, le choc des quarts de finale de la Ligue des Champions, initialement prévu le 15 avril. Pour le plus grand soulagement des milliers de Liverpudliens, qui ont pu rendre hommage, le jour de l'anniversaire, aux 96 victimes de la tragédie.
L'incident le plus meurtrier de l'histoire du football britannique a véritablement modifié le visage des stades anglais, qui ne disposent plus de grilles autour des terrains ni de tribunes debout, remplacées par des places assises.
Mais c’est aussi l’image des supporters de Liverpool qui a changé, passant du statut d'hooligans haineux à celui de victime du racisme anti-"scouser" (surnom des Liverpuldiens) et anti-"working class".
Des forces de l’ordre débordées
Le 15 avril 1989, 45 000 supporters de Liverpool, pour la plupart des familles, avaient pris place au stade Hillsborough de Sheffield pour assister à la demi-finale de la Coupe d’Angleterre opposant Liverpool à Nottingham Forest.
Les forces de l'ordre, encore hantées par le souvenir du Heysel - une rixe entre hooligans de Liverpool et tifosi de la Juventus qui, quatre ans plus tôt, avait fait 39 morts et des centaines de blessés – font tout pour éviter de nouveaux débordements. Au détriment de la sécurité des spectateurs.
Surpris par l’affluence, les autorités décident d’ouvrir une porte assaillie par un mouvement de masse. Sur l'instant, la police ne réalise pas l’ampleur de la catastrophe à venir : les fans se retrouvent dans l’impossibilité de rebrousser chemin et s'écrasent sur les grilles qui encerclent le terrain de jeu.
Quelques jours après, la communauté de Liverpool, encore sous le choc, découvre la une du très populiste "The Sun" qui rejette entièrement la faute sur les supporters des Reds. Une thèse que le juge Lord Taylor en charge de l’affaire contredira par la suite. Il faudra attendre 2004 pour que le quotidien publie des excuses publiques dans une vaine tentative de retrouver son lectorat liverpuldien.
"You will never walk alone"
Le 15 avril 2009, quelques centaines de personnes ont posé des gerbes à Hillsborough, avant de rejoindre le site mémoriel à Anfield, en compagnie des joueurs, sous les airs d’un "You will never walk alone", qui a une tout autre signification dans l’antre des Reds.
Vingt ans après le drame, personne n'a été inquiété par la justice. Kelly Derbyshire, président de l’association Hillsborough Justice Campaign, réclame toujours que les responsables soient jugés.
"Pour les familles des victimes, c’est un scandale que personne n’ait été encore condamné. La police est le premier responsable de cette tragédie, car elle a failli dans son devoir de protection du public. Ensuite, la FA [Fédération anglaise de football], qui n’a pas vendu assez de billets par rapport au nombre de supporters, mais aussi les responsables du stade."