
L’opérateur français a annoncé, lundi, qu’il allait proposer des abonnements 4G au prix de la 3G. Une réponse de la bergère Bouygues au berger Free, qui a cherché à bousculer, la semaine dernière, le marché en proposant de la 4G low-cost.
Free n’est plus seul sur le créneau. Bouygues est devenu, lundi 9 décembre, le premier des trois opérateurs téléphoniques du “canal historique” (avec SFR et Orange) à riposter à l’offre 4G de Free. La filiale télécom du bétonneur français a annoncé qu’elle allait également proposer à ses clients 3G de bénéficier du réseau 4G, sans augmentation du prix de l’abonnement.
Une décision qui intervient six jours après la sortie médiatique tonitruante de Xavier Niel, PDG de Free, assurant que l’opérateur allait offrir des abonnements 4G à prix cassé pour 19,99 euros par mois (même tarif que ces abonnements 3G). Une entrée sur le marché du réseau mobile de quatrième génération (des débits théoriques de connexion à Internet environ cinq fois plus rapide qu’actuellement) qui avait, tout d’abord, créé une levée de bouclier généralisée de la concurrence. “C'est du vent tout ça puisqu'il n'y a pas de couverture”, résumait à RTL Stéphane Richard, le PDG d’Orange.
Même le gouvernement avait jugé opportun de publier une mise en garde. “Les ministres s’interrogent sur la qualité de l’offre pour les consommateurs”, indique ainsi dans un communiqué commun, en date du 4 décembre, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg et sa collègue en charge des Télécommunications Fleur Pellerin.
Pour les détracteurs de l’offre de Free, le nœud du problème provient du réseau 4G de Free. “Il n’en est, en effet, qu’à ses débuts”, confirme à FRANCE 24 Antoine Autier, chargé de mission sur les questions relatives aux nouvelles technologies pour l'UFC-Que Choisir. Free ne dispose, à l’heure actuelle, que de 700 antennes relais pour fournir la 4G dans environ 1 000 communes. C’est-à-dire, d’après Stephane Richard, “même pas ce que nous avons pour couvrir seulement Paris et Lyon”.
Le Far West de la 4G
Reste que l’annonce de Xavier Niel “a remis en cause la stratégie commerciale de ses concurrents qui espèraient refaire leurs marges sur le dos de la 4G [en augmentant le prix des abonnements, NDLR]”, reconnaît Antoine Autier. Pour cet expert, ce n’était, en outre, pas qu’un coup de com’ de la part de Free. “En théorie, c’est viable si Free reste le seul à offrir la 4G au prix de la 3G, car il peut espérer compenser le manque à gagner par une augmentation du nombre d’abonnés”, explique-t-il.
D’où l’intérêt de l’annonce de Bouygues. Elle permet de couper l’herbe sous le pied de Free. Certes, l’offre de Bouygues concerne, pour l’instant, uniquement des abonnements qui commencent à 30 euros par mois. Mais l’opérateur a précisé qu’il comptait l’élargir, dans le futur, à sa filiale à bas prix B&You, concurrente directe de Free.
Entre l’offensive Free, la réplique Bouygues et l’énervement du patron d’Orange, le paysage de la 4G en France ressemble à un véritable champ de mines pour le consommateur. Faut-il craquer pour la 4G low-cost, quitte à ne pas voir la couleur de l’amélioration du débit ? Payer un abonnement plus cher garantit-il réellement un réseau de quatrième génération performant ? “Les premiers retours sur la 4G sont relativement positifs, même si nous avons reçu des témoignages sur des couvertures réseaux qui ne correspondent pas aux annonces faites par les opérateurs et d’autres sur une qualité des services qui laisse parfois à désirer”, constate Antoine Autier.
L’impression qui en ressort est une ruée vers l’or 4G généralisée digne d’un Far West des télécoms. Antoine Autier reconnaît qu’il y a un petit côté jungle dans l’offre actuelle. "Cela vient du fait qu’il n’y a, actuellement en France, aucune règle sur une qualité minimale de services 4G”, remarque-t-il. L’UFC-Que Choisir a, ainsi, demandé à l’Arcep (l’Autorité française de régulation des télécoms) d’établir des principes de qualité de service contraignants pour les opérateurs qui font de cette “nouvelle” technologie mobile l’argument choc de leurs offres de fin d’année. Mais n’est-il pas déjà trop tard ?