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En attendant le feu vert de l’ONU, l’armée française se prépare à intervenir à Bangui

Quelque 350 soldats français sont positionnés au Cameroun dans l’attente d’une résolution de l'ONU autorisant Paris à déployer un millier d’hommes en Centrafrique pour l'opération "Sangaris". Pour MSF, cela ne suffira pas à résoudre la crise.

Un mini-sommet sur la Centrafrique samedi à l’Élysée

Samedi 7 décembre, les dirigeants des pays voisins de la RCA ainsi que les responsables de l'ONU et de l'Union européenne doivent se réunir à l’issue du sommet de l’Élysée sur la paix et la sécurité en Afrique. Cette réunion, à laquelle doit prendre part le Premier ministre centrafricain, Nicolas Tiangaye, devrait permettre "un échange sur les moyens à mettre en œuvre en vue de l'application de la résolution", indique la présidence française.

L’opération française en République centrafricaine (RCA), a désormais un nom et un chef. Baptisée “Sangaris”, la mission sera commandée par le général Francisco Soriano qui se trouve actuellement à la tête des forces françaises au Gabon. Il aura également sous sa responsabilité les soldats français de l'opération Boali qui assurent déjà, depuis 2002, le soutien de la force africaine en Centrafrique.

L’adoption de la résolution autorisant le déploiement d’une force africaine soutenue par la France doit avoir lieu ce jeudi 5 décembre à l’ONU. En attendant, l’armée française se prépare à faire route vers Bangui.

Quelque 350 hommes sont déjà arrivés le 30 novembre à Douala, au Cameroun, à bord du "Dixmunde", un bâtiment de projection et de commandement (BPC). Parti de France, le contingent dispose de moyens logistiques importants et compte dans ses rangs un escadron de combat prêt à intervenir rapidement à Bangui.

Pour l’heure, seuls une trentaine de soldats du génie militaire sont arrivés par avions cargo à l'aéroport de la capitale centrafricaine, dont ils doivent restructurer la capacité d’accueil en vue d’un débarquement conséquent d’hommes et d'appareils.

Force de transition

Au total, 800 hommes sont attendus en renfort en RCA, où 450 militaires français sont déjà présents dans le cadre de l'opération Boali, destinée à assurer la sécurisation des ressortissants hexagonaux. Avec ses 1 200 hommes, l’armée tricolore entend agir en force de transition chargée d’accompagner le déploiement de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), dont les effectifs pourraient atteindre les 4 000 hommes, contre 3 000 aujourd’hui.

En attendant que la Misca soit opérationnelle à 100 %, l’objectif pour l’armée française est double. Sécuritaire tout d'abord, puisqu’elle devra tenter de rétablir l’ordre dans un pays en proie aux fréquents affrontements entre chrétiens et musulmans, entre groupes "d'auto-défense" et ex-insurgés de la Séléka, qui, malgré la dissolution de la rébellion au lendemain du coup d’État du 24 mars, continuent de semer la terreur. Humanitaire ensuite, puisque l'armée devra aider au retour dans leur village les 400 000 déplacés (20 % de la population) et faciliter le travail des humanitaires.

Reste que pour Paris, cette nouvelle opération militaire dans un pays africain demeure différente de celle intervenue il y a près d’un an au Mali. "Nous n'avons pas à faire à des groupes terroristes armés, nous avons en face de nous, disons-le, des petits voyous qui profitent de l'effondrement de l'État, qui pillent, tuent et violent mais ne se battent pas vraiment, avait indiqué à FRANCE 24, Gérard Araud, ambassadeur de France aux Nations unies. L'opération sera certainement plus facile qu'au Mali."

"Ce pays, c'est la catastrophe"

Pour les humanitaires, l'intervention militaire de la France ne suffira toutefois pas à résoudre les problèmes de la RCA. Dans un entretien accordé mardi à l'AFP, le président de Médecins sans frontières (MSF), Meguerditch Terzian, plaide pour une aide plus structurelle.

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"Ce pays, c'est la catastrophe : des violences sans arrêt, une pauvreté extrême, pas d'infrastructures, pas de système de santé", décrit-il. Avant de détailler : "Il faut aussi aider le gouvernement à mieux gouverner, trouver des moyens pour relancer les infrastructures [...], s'assurer que les élections vont avoir lieu".

L'organisation MSF intervient depuis 2006 en RCA, où elle compte 1 100 employés locaux ainsi qu’une centaine d'expatriés. En août 2013, l’organisation avait réalisé plus de 400 000 consultations, dont 171 000 interventions sur des cas de paludisme. Mais, prévient Meguerditch Terzian, "on ne peut pas couvrir avec 1 200 personnes les besoins de tous les Centrafricains".

 Avec AFP