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Royaume-Uni : Cameron resserre l'étau autour des migrants des pays de l’Est

Le Premier ministre britannique a lancé, jeudi, une offensive contre les migrants des pays de l'Est, alors que les dirigeants d’Europe orientale et occidentale se réunissent à Vilnius.

Le sommet de Vilnius dédié au partenariat entre l’Union européenne (UE) et les pays de l’Est s’annonce chargé. Les dirigeants de l’Europe orientale et occidentale doivent, en effet, traiter du cas de l’Ukraine qui a, contre la volonté du peuple, décidé de ne pas ratifier un accord de rapprochement commercial avec l’UE. Mais une autre thématique brûlante vient s’ajouter au menu : la politique migratoire vis à vis des ressortissants des pays de l’Est.

Le sujet devrait occuper une bonne partie des discussions, qui ont lieu les 28 et 29 novembre dans la capitale lituanienne, au moment où David Cameron promet de nouvelles mesures sévères contre les citoyens de Bulgarie et de Roumanie. Dans une tribune publiée dans l'édition du jeudi 27 novembre du "Financial Times", le Premier ministre britannique annonce qu’il compte restreindre les différentes aides sociales que perçoivent les migrants de ces deux pays. Désormais, ces derniers devront justifier d’au moins trois mois de résidence sur le sol britannique pour être éligible au chômage et leur période d’indémnisation ne sera plus que de six mois au maximum.

Entrée en vigueur dès 2014

“Si les gens ne sont pas là pour travailler - s’ils mendient ou dorment dans la rue - ils devront alors partir. Il leur sera également interdit d’entrer à nouveau sur le territoire pendant une période de 12 mois, sauf s’ils peuvent justifier d’une raison valable, comme un emploi par exemple”, stipule David cameron, qui indique que ces mesures seront applicables dès l’année prochaine.

Depuis leur entrée dans l’Union européenne en 2007, la Bulgarie et la Roumanie sont sous le coup de “mesures restrictives transitoires” en matière d’emploi au Royaume-Uni et dans sept autres pays, dont la France. Mais à compter du 1er janvier, Bulgares et Roumains pourront venir travailler librement dans les pays de l’UE. “Je sais que beaucoup sont inquiets de l’impact que cela pourrait avoir sur notre pays, explique le Premier ministre britannique. Je partage ces inquiétudes”, ajoute-t-il.

"Trompés par le gouvernement"

Une inquiétude qui, selon Franck Düvell, chercheur à l’Université d’Oxford, s’explique par les politiques migratoires des précédents gouvernements britanniques, ayant sous-estimé le nombre de migrants de l’Est après l’adhésion, en 2004, de dix nouveaux pays membres. “Les gens se sont sentis trompés par le gouvernement”, assure ce spécialiste des questions d’immigration.

Mais il rappelle, toutefois, que la population de Roumains et Bulgares combinés étant moins importante que celle de Pologne, une nouvelle immigration de masse comme celle observée il y a dix ans est peu probable. “La plupart des Roumains et Bulgares souhaitant migrer au Royaume-Uni l’ont déjà fait”, observe-t-il.

"Vous ne pouvez pas tout avoir, Monsieur Cameron !"

David Cameron développera son point de vue vendredi en Lituanie. Mais ses déclarations dans le Financial Times ont déjà sucité de vives réactions au sein de la Commission Européenne. “Si le Royaume-Uni souhaite quitter le marché européen, qu’il le dise. Mais s’il souhaite rester, il doit appliquer les lois de la libre circulation. Vous ne pouvez pas tout avoir, Monsieur Cameron !”, a notamment lancé à Reuters Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne, en charge de la justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté.

Reste qu’au vu de la popularité des partis d’extrême droite anti-immigration comme l’Independence Party britannique et le Front national français à quelques mois des européennes de juin 2014, les arguments du chef du gouvernement britannique semblent faire mouche auprès des électeurs.