
Le sommet entre l'Union européenne et six ex-républiques soviétiques, qui s'ouvre jeudi à Vilnius (Lituanie), devrait être marqué par le refus surprise de Kiev de lier un partenariat avec Bruxelles. Pour l'UE, l'accord reste toutefois "sur la table".
L’Ukraine a quelque peu gâché la fête. Le sommet entre l'Union européenne (UE) et six anciennes républiques soviétiques (Arménie, Azerbaïdjan, Belarus, Géorgie, Moldavie, Ukraine), qui s'ouvre jeudi 28 novembre à Vilnius en Lituanie, devrait être terni par le refus de Kiev, la semaine dernière, de signer un accord d’association et de libre-échange avec les Européens.
Après des mois de tractations entre Bruxelles et l’Ukraine pour tenter de régler le cas de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko, ce revirement, effectué sous la pression de la Russie, a créé la surprise et suscité la déception au sein de l’UE. Toutefois "certains diplomates européens persistent à espérer que cet accord puisse encore être signé, notamment les Polonais et les Lituaniens, mais cet espoir apparaît de moins en moins faisable", indique Gulliver Cragg, correspondant de FRANCE 24 à Vilnius.
Le Premier ministre ukrainien, Mykola Azarov, a affirmé, mercredi, que le processus de négociation se poursuivait, mais le président Viktor Ianoukovitch avait prévenu la veille que l'Ukraine attendrait de meilleures conditions pour signer.
Ce dernier sera toutefois présent à Vilnius pour s'expliquer auprès de ses homologues européens, qui font presque tous le déplacement dans la capitale lituanienne. Les Vingt-Huit veulent en savoir plus sur les réelles intentions du président ukrainien. Considéré comme pro-russe lors de son élection en 2010, ce dernier louvoie sans cesse entre l'Europe et la Russie, tentant de tirer profit de la première sans s'aliéner la seconde.
"Viktor Ianoukovitch veut convaincre l’UE d’entamer des négociations tripartites avec la Russie, rapporte Gulliver Cragg. Mais certains officiels européens ont déjà refusé cette proposition. Ils se demandent ce qu’un pays tiers vient faire dans ces relations bilatérales. Car, de fait, l’Ukraine n’appartient plus à la Russie depuis 1991."
"La guerre froide est finie"
Mais c’est davantage contre la Russie, accusée d’exercer des pressions sur Kiev, que les responsables européens dirigent aujourd’hui leurs critiques. "La guerre froide est finie", a lancé mercredi la chancelière allemande, Angela Merkel. "Un rapprochement avec l'Europe est toujours compris en Russie comme un éloignement de la Russie. Nous devons surmonter cette mentalité du ‘soit l'un, soit l'autre’", a-t-elle plaidé.
Parallèlement, l'UE est critiquée pour la façon dont elle a négocié avec l'Ukraine. "Bruxelles a commis une erreur de jugement" en se focalisant sur le cas de Ioulia Timochenko, au détriment de la "politique de pression et de chantage" exercée sur Kiev par Moscou, a déclaré mercredi le président polonais, Bronislaw Komorowski.
"L’offre financière proposée par Bruxelles a été jugée humiliante par Kiev, rappelle Melissa Bell, spécialiste des questions internationales de FRANCE 24. L’UE a proposé 6 millions d’euros à l’Ukraine pour lui permettre de se conformer aux standards européens, mais le président Ianoukovitch en réclamait 20 milliards."
Un sommet UE-Ukraine en février 2014
L'UE tente toutefois de minimiser son revers en affirmant qu'un accord avec l'Ukraine peut être signé dans les semaines ou les mois qui viennent, même si beaucoup en doutent. Un sommet UE-Ukraine est prévu en février 2014.
Plus globalement, l'Europe veut croire que la claque ukrainienne ne remet pas en cause le projet lancé en 2009 pour tenter de stabiliser les anciennes républiques soviétiques. Elle insiste sur les bénéfices que ces pays pourraient en tirer, en matière commerciale ou de libéralisation des visas notamment. Rappelant les milliards d'euros engagés ces dernières années en faveur de la modernisation politique et économique de ces pays, elle se dit même prête à rajouter au pot pour faciliter leur ajustement.
Mais à Vilnius, l'UE va devoir se contenter de parapher deux accords d'association, avec la Géorgie et la Moldavie. La signature définitive n'est pas attendue avant plusieurs mois, voire un an. Quelques accords de moindre envergure seront signés, dont un avec l'Azerbaïdjan sur la facilitation des visas.
De son côté, l'Arménie s'est détournée de l'UE début septembre quand elle a annoncé qu'elle allait rejoindre l'Union douanière menée par la Russie. Quant aux relations avec le Belarus, dernière dictature d'Europe, elles sont gelées en l'absence totale de progrès sur la question des droits de l'Homme.
Avec dépêches AFP