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Premières arrestations pour manifestations "illégales" en Égypte

Les premiers effets de la loi restreignant la liberté de manifester en Égypte se font sentir. Au lendemain de manifestations au Caire, un procureur égyptien a ordonné mercredi l’arrestation de deux figures de proue de la contestation en Égypte.

Manifester en Égypte est devenu une activité à risque depuis la mise en place d’une nouvelle loi interdisant les manifestations et tout autre rassemblement non-autorisé au préalable. Promulguée le 24 novembre, ses effets se font d'ores et déjà sentir. 

Au lendemain de la dispersion violente de manifestations dans le centre du Caire, un procureur égyptien a ordonné mercredi l’arrestation de deux figures de proue de la contestation en Égypte : Ahmed Maher, chef de file des jeunes du mouvement du 6-Avril et fer de lance de la révolte de 2011, et le blogueur Alaa Abdel Fattah, recherchés tous deux pour leur participation à une manifestation mardi.
Le procureur les accuse d'avoir "incité à manifester en contravention de la loi" promulguée dimanche par le président par intérim qui oblige désormais à informer les autorités trois jours avant la tenue d'un rassemblement. Celui-ci doit ensuite être autorisé par le ministère de l'Intérieur s'il ne représente pas de "menace pour la sécurité". En cas de violences, la police peut avoir recours à une "utilisation graduée de la force".
Une trentaine de libérations
Outre les deux hommes, des dizaines de manifestants ont été arrêtées mardi lors de  deux manifestations dispersées avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes. L'une, organisée par Ahmed Maher, réclamait des sanctions pour les membres de forces de l'ordre ayant tué des manifestants en 2011. L'autre, tenue devant le Conseil de la Choura (Sénat), dénonçait le maintien d'un article autorisant les procès de civils devant des tribunaux militaires.
Vingt-quatre étaient toujours en garde à vue mardi et devraient le rester pour quatre jours. Une trentaine d'autres manifestants ont été relâchés dans la nuit de mardi à mercredi , selon des sources judiciaires. Quinze femmes et douze hommes seraient concernés. N’ayant pas déposé de demandes comme l’exige la nouvelle loi, les manifestants ont été placés en détention préventive, le temps d’enquêter sur des soupçons de vandalisme, d’agression de fonctionnaires, de vols d’appareils électroniques et de rassemblement sans autorisation préalable du ministère de l’Intérieur, indique une source judiciaire.
Recul du respect des libertés
Cette nouvelle loi est dénoncée par les organisations de défense des droits de l’Homme comme un recul en matière de respect des libertés publiques par rapport aux acquis de la "révolution du Nil" de 2011.
"Si les révolutionnaires ont fait confiance à l’armée, cette confiance est en train de se briser. Un certain nombre d’activites estiment que les militaires sont en train de prendre le dessus sur le gouvernement et qu’ils ont d’autre visée que d’assurer la transition", rapporte Pierrick Leurent, correspondant de FRANCE 24 au Caire. 
Ahmed Maher a déclaré mardi à l'AFP que "cette loi devait être abrogée". "Le ministère de l'Intérieur veut en finir avec les manifestations", a-t-il lancé, en rappelant que "même sous Moubarak, des manifestations avaient lieu".
Amnesty International a estimé qu’elle était "un grave retour en arrière" qui "donne carte blanche aux forces de sécurité pour utiliser une force excessive, notamment létale, contre les manifestants". De son côté, le parti islamiste Liberté et Justice (PLJ) de Mohamed Morsi a condamné cette loi qui, "au lieu d'arrêter les pratiques répressives et meurtrières des forces de sécurité issues du coup d'État, encourage les abus".
Des militants ont appelé à de nouvelles manifestations mercredi en fin d'après-midi dans le centre du Caire. "Reste à savoir si les manifestants bénéficient du soutien populaire parce qu’au Caire, les gens souhaitent que le calme revienne", estime néanmoins Pierrick Leurent. 
Avec dépêches AFP et REUTERS