Lucien Neuwirth, gaulliste historique qui avait proposé la loi autorisant la pilule contraceptive en 1967, est mort dans la nuit de lundi à mardi à 89 ans, des suites d'une infection pulmonaire, annonce le site Internet du "Figaro".
Les femmes lui doivent beaucoup. Lucien Neuwirth, qui avait proposé en 1967 la loi autorisant la pilule contraceptive, est mort dans la nuit de lundi à mardi 26 novembre à 89 ans. L'ancien homme politique est mort peu après minuit des suites d'une infection pulmonaire, à l'hôpital Sainte-Périne Rossini à Paris, a précisé à l'AFP cette dernière.
Engagé à 16 ans dans la
Résistance, longtemps député puis sénateur de droite, Lucien Neuwirth avait réussi à faire adopter en 1967, contre la majorité de son camp, la loi autorisant la contraception, dans la France très conservatrice d'avant 1968.
En décembre 1967, après bien des invectives au Parlement, sa loi relative à la régulation des naissances, dite "loi Neuwirth", a été votée puis promulguée : elle autorise la fabrication et l'importation de contraceptifs, leur vente exclusive en pharmacie sur ordonnance médicale, avec autorisation parentale pour les mineures. Il faudra cependant attendre 1972 pour que les derniers décrets d'application soient pris.
"Il était bien seul, se rappelle Michèle André, ancienne secrétaire d’État, sénatrice socialiste interrogée par FRANCE 24. Nous étions dans les années de plomb où l’IVG était encore interdite. Lucien racontait que le soutien inconditionnel du général de Gaulle avait été nécessaire [pour le projet de loi] mais absolument pas suffisant pour faire une majorité parlementaire. Il a entendu des horreurs."
Najat Vallaud-Belkacem : "Cette loi marque un tournant"
Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, lui a rendu un hommage soutenu mardi matin. "Cette loi marque un tournant. Elle est le combat d’un homme pour une cause juste, celle de la liberté des femmes à disposer de leur corps", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
"Comme il l’a souvent raconté, cette loi est la prise de conscience d’un homme, jeune élu de Saint-Étienne qui se trouve confronté à la réalité des conséquences pour les femmes de l’absence d’accès à la contraception. Il a convaincu le général de Gaulle et défendu un texte courageux, contre son camp et conte le conservatisme de la société" a poursuivi la ministre, soulignant que la loi a ouvert la voie à d’autre combats pour le droit des femmes, notamment celui de Simone Veil pour l’avortement.
Le président de la République François Hollande a également salué la mémoire de cet "acteur déterminant de l’évolution de la société française". "Sa vie est le symbole du combat pour la liberté. Il a su, avec audace, s’affranchir de tous les conservatismes, et ouvrir un temps nouveau dans l’émancipation des femmes", a écrit le chef de l'État dans un communiqué.
Un résistant de droite
Né le 18 mai 1924 à Saint-Étienne, résistant à 16 ans, Lucien Neuwirth avait rejoint les Forces françaises libres. Pendant la guerre, il a été grièvement blessé, puis fait prisonnier. Fusillé par des soldats allemands en 1945, il a été sauvé miraculeusement par les pièces de monnaie qu'il portait dans sa poche et qui ont arrêté la balle du coup de grâce, racontait-il dans son livre, "Ma guerre à 16 ans".
Adhérent au RPF à la Libération, il commence sa carrière politique comme conseiller municipal puis adjoint au maire de sa ville natale. C'est là qu'en 1957, il fait la connaissance du mouvement Maternité heureuse, qui deviendra le Mouvement français pour le planning familial.
Lors du putsch d'Alger (13 mai 1958), il est porte-parole du Comité de salut public et directeur de Radio Alger. Il est ensuite élu député (UNR, UDR puis RPR) de la Loire de 1958 à 1981.
Victime de la "vague rose", dans la foulée de l'élection de François Mitterrand en 1981, il est élu sénateur RPR de 1983 à 2001, date à laquelle il abandonne tout mandat local.
Avec dépêches AFP