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Élections en Mauritanie : une partie de l'opposition boycotte le scrutin

Le citoyens mauritaniens ont été appelés à voter samedi pour les élections législatives et municipales. Dix des onze partis de l'opposition "radicale" les boycottent, sauf le parti islamiste Tewassoul qui veut "lutter contre la dictature".

Quelque 1,2 million de Mauritaniens étaient appelés aux urnes, samedi 23 novembre, pour les élections législatives et municipales qui se sont déroulées dans le calme. Ce sont les premières élections depuis 2006, avant le coup d'État de Mohamed Ould Abdel Aziz. Cet ancien général a été élu président en 2009 dans des conditions que conteste par l'opposition.

Le parti présidentiel, l'Union pour la République (UPR), est le seul à présenter des candidats dans chacune des circonscriptions, ce qui en fait le grand favori. Les scrutins sont boycottés par dix des onze partis de l’opposition dite "radicale". Rassemblée au sein de la Coordination de l’opposition démocratique (COD), elle dénonce l’absence "de garanties de transparence". Seul le parti islamiste Tewassoul, membre de la COD et légalisé en 2007, a décidé de participer aux élections, qui représentent, selon lui, "une forme de lutte contre la dictature" du président Ould Abdel Aziz.

La fortune de Tewassoul en question

Ces scrutins permettront d'évaluer la capacité de mobilisation du parti Tewassoul, dont le "référentiel islamiste" est dénoncé par le pouvoir comme une tentative de "s'approprier la religion islamique qui nous appartient à tous". Le parti présidentiel s'interroge en outre sur "la très grande fortune de ce parti" et sur son origine. Il demande à ce parti de l'oppostion de se démarquer des Frères musulmans, qui ont "commis beaucoup de dégâts dans le monde arabe et musulman".

Les islamistes, qui se présentent en principaux adversaires de l'UPR, n'ont cessé de dénoncer durant la campagne l'usage "illégal par le parti au pouvoir des moyens de l'État et de ses attributs". Le président de Tewassoul, Jemil Ould Mansour, rappelle que "l'islamité" du message de son parti "date de sa création, contrairement à ceux qui veulent se l'attribuer le temps d'une campagne".

Deux partis de l'opposition "modérée" participent également à ces élections : l'Alliance populaire progressiste (APP) du président de l'Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, et Al-Wiam, dirigé par des ténors du régime de l'ancien président Maaouiya Ould Taya (1984-2005).

Le taux de participation très attendu

Un des principaux enjeux de cette élection est le taux de participation. Dès l'ouverture des bureaux de vote à 7 heures GMT, notamment ceux installés dans le stade olympique de la capitale, observateurs, présidents de bureaux et matériel électoral étaient en place et de petites files d'attente commençaient à se former, a constaté un journaliste de l'AFP.

La correspondante de RFI à Nouakchott, Laura Martel, estime que "la participation dépendra aussi du degré d'enthousiasme des populations, un peu blasées, après un scrutin plusieurs fois reporté." Selon une étude nationale, menée du 2 au 7 novembre, seulement 35 % des Mauritaniens considèrent que les élus sont à l’écoute des citoyens.

Avec leur appel à boycotter ces scrutins, les dirigeants de l'opposition radicale tablent sur un taux d'abstention "relativement important", qui sera la preuve, selon eux, de leur capacité de mobilisation contre le pouvoir. Ahmed Ould Daddah, chef de file de l'opposition "radicale", a averti mardi à Nouadhibou (nord-ouest) que le parti au pouvoir "s'apprête à frauder, comme il l'a fait en 2009 lors de la présidentielle".

Les premiers résultats seront connus dimanche, en attendant, la télévision d'État, citant une source officielle, a annoncé samedi soir un taux de participation de 60 % aux deux scrutins sur l'ensemble du territoire.

Avec dépêche AFP