La victoire de l’équipe de France contre l’Ukraine, synonyme de qualification pour la coupe du Monde de football au Brésil, est une bonne affaire pour les sponsors et certains médias. Mais elle ne devrait rien changer pour l’économie du pays.
Ce qui est bon pour TF1, l’est-il aussi pour l’économie française ? Le miracle footballistique de la qualification, mardi 20 novembre, des Bleus pour la Coupe du monde de 2014 au Brésil aura fait des heureux parmi les responsables de la première chaîne de télévision du pays. L’action de TF1 a bondi en bourse de 5,22 %, mercredi matin. Les 130 millions d’euros dépensés par la chaîne pour les droits de diffusion de cet événement sportif permettront au moins de suivre les aventures des Bleus en terre brésilienne. “Ainsi TF1 pourra revoir à la hausse les tarifs des plages publicitaires”, explique à FRANCE 24 Bastien Drut, économiste du sport et auteur de “Les attaquants les plus chers ne sont pas ceux qui marquent le plus”.
Mais de là à dire que les trois buts marqués contre l’Ukraine au Stade de France vont se transformer en points de PIB en plus pour le pays, il y a un fossé que les économistes refusent de franchir. “On sait que la participation à la Coupe du monde aura probablement des effets économiques, mais les estimations précises sont impossibles à faire”, affirme Claude Sobry, économiste du sport à l’université Lille 2. “Il est très difficile d’isoler les effets qui seraient propres au parcours de l’équipe de France du reste des facteurs qui affectent l’économie en général”, précise Bastien Drut.
Les achats de nouveaux téléviseurs pour suivre les matchs dans des conditions optimales, le regain d’activité pour les livreurs de pizzas ou encore la bière qui coule à flot dans les pubs les soirs de rencontre ne feraient donc pas de réelle différence pour l’économie d’un pays. “Il ne faut pas surestimer l’impact économique potentiel de la qualification”, assure Bastien Drut. “Comment mesurer l’effet d’euphorie ? On peut se douter que certains consommateurs vont dépenser davantage car ils pensent moins à leurs soucis pendant ces périodes, mais il n’y a aucun moyen de le calculer précisément”, explique Claude Sobry.
Baisse du nombre de suicides
S’il est aussi malaisé de comprendre l’impact économique d’une compétition sportive, c’est qu’une partie des effets sont induits. “C’est-à-dire, par exemple, que le seul fait de répéter qu’une victoire ou une défaite peut jouer un rôle économique va influer sur le comportement des consommateurs et ces effets induits ne sont pas mesurables”, souligne Claude Sobry. En clair, la methode coué peut produire des effets économiques bénéfiques réels.
Pour la France, il est d’autant plus difficile de faire des pronostics économiques que l’Hexagone n’est pas le pays hôte. “L’impact économique est surtout sensible pour l’organisateur, c’est-à-dire que les retombées seront essentiellement pour le Brésil s’il fait un bon parcours”, remarque Bastien Drut. Mais même dans ce cas là, l’impact est limité. En effet, les plus optimistes jugent, par exemple, que la Coupe du monde de 2010 a apporté un gain modeste de 0,4 % au PIB de l’Afrique du Sud, rappelle "Le Monde".
L’un des rares effets positifs constatés est qu’une coupe du monde de football fait baisser le taux de suicide. “Ces événements resserrent le lien social et les gens échangent davantage, ce qui agit positivement sur le moral”, explique Bastien Drut.