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Snapchat, l'application qui valait plus de trois milliards de dollars

Snapchat, société qui a développé l'application de partage de photos éphémères pour smartphones, prisée par les adolescents, a refusé une offre d'achat de trois milliards de dollars du géant des réseaux sociaux Facebook.

Ils ont dit non aux trois milliards de dollars. Les jeunes fondateurs de l'application pour smartphones Snapchat, Evan Spiegel (23 ans), et Bobby Murphy (25 ans), ont refusé l'alléchante offre de rachat du numéro 1 des réseaux sociaux, Facebook, d'après plusieurs médias américains.

Une décision qui peut, a priori, étonner. "Personne de rationnel n'aurait refusé l'offre de trois milliards de dollars de Facebook", s'est exclamé sur Twitter Aaron Levie, le PDG de Box, une société de stockage en ligne très en vogue. Snapchat, une application qui permet de partager des images et vidéos qui disparaissent après quelques secondes, n'existe, en effet, que depuis deux ans et ne génère, actuellement, aucun chiffre d'affaires puisqu'elle est entièrement gratuite.

Pour beaucoup, le refus de Snapchat est à mettre sur le compte d'une certaine folie des grandeurs inhérente aux jeunes entrepreneurs qui connaissent un succès très rapide grâce à Internet. D'autres mettent en cause l'emballement qui semble s'être emparé de la Silicon Valley depuis que Twitter, un autre service qui ne génère aucun bénéfice, a réussi à lever des milliards lors de son introduction en Bourse, début novembre.

Les trois milliards que Facebook a mis sur la table pour Snapchat correspondent à trois fois le prix que la société a payé, en 2012, pour Instagram, un autre réseau social de partage de photos. C'est en outre, seulement un milliard de moins que le prix payé par Disney pour racheter une franchise aussi célèbre que Star Wars à Lucas Arts, comme le rappelle le quotidien "Le Monde".

Draguer les adolescents

De son côté, Snapchat n'a, pour l'heure, que quelques chiffres, certes impressionnants, à mettre à son actif. La société revendique 350 millions de messages instantanés postés chaque jour en septembre, soit six fois plus qu'en février dernier. Cela revèle l'engouement croissant pour ce genre de réseau social qui bâtit sa réputation sur l'éphémère. Le fait que les images disparaissent entièrement après quelques secondes serait le principal attrait pour un public de plus en plus soucieux de ne pas laisser de traces compromettantes sur le Net.

Un succès que les deux fondateurs de Snapchat espèrent, en fait, monnayer davantage que trois milliards de dollars. D'après la récente levée de fonds réalisée en septembre dernier, ils ont raison d'y croire : elle a permis de valoriser le société à près de quatre milliards de dollars.

Si Facebook et d'autres géants du Net, tels que le chinois Tencent, s'intéressent tant à Snapchat, c'est essentiellement à cause de son public. Cette application est particulièrement populaire auprès des adolescents et des jeunes adultes. Précisément les internautes que Marc Zuckerberg espère remettre sur le droit chemin "facebookien". Lors de la présentation de ses résultats financiers en octobre, le géant des réseaux sociaux a, pour la première fois, reconnu que les adolescents commençaient à bouder le site. Le risque pour le numéro 1 des réseaux sociaux est, alors, d'apparaître comme ringard, ce qui pourrait être dangereux aux yeux d'investisseurs toujours à la recherche des dernières tendances dans le secteur des nouvelles technologies.

Mais cette "ado-dépendance" de Snapchat pourrait également se réveler être son "talon d'Achille", d'après le site économique américain Forbes. Les jeunes sont les internautes les moins fidèles qui soient, rappelle Forbes, et ce qui leur paraît être l'application à utiliser actuellement peut très bien tomber très rapidement dans les oubliettes numériques. Evan Spiegel et Bobby Murphy ont intérêt à trouver un géant du Net prêt à payer plus de trois milliards de dollars avant qu'une telle mésaventure leur arrive. Sinon, leur refus, qui peut apparaître aujourd'hui comme un coup de génie pour faire monter les enchères, pourrait devenir l'une des plus grosses erreurs d'appréciation de l'histoire des réseaux sociaux.