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Sept jours après le passage du typhon Haiyan, les cadavres s'accumulent aux Philippines, faisant peser un risque sanitaire. Les États-Unis ont envoyé une aide massive, alors que les rescapés se plaignent de la paralysie des autorités locales.

Sept jours après le passage du super typhon Haiyan, dont le dernier bilan officiel dépasse les 2 350 morts, les survivants sont toujours aussi démunis et la colère monte face à la paralysie des autorités locales et la lenteur de la distribution de l’aide aux rescapés.

De son côté l'aide américaine s'accentue. Un porte-avions est arrivé jeudi 14 novembre, offrant un peu d'espoir aux innombrables survivants qui attendent toujours de l'aide, tandis que de nombreux corps étaient enfin enterrés dans des fosses communes.

Le porte-avions "George Washington", avec ses 5.000 marins, et sept autres navires, se sont positionnés au large des îles les plus touchées, apportant avec eux des équipements médicaux, du ravitaillement et une expertise attendus avec impatience par les sinistrés affamés du typhon, dont le bilan devrait se chiffrer en milliers de morts.

La flottille, qui dispose notamment de 21 hélicoptères, a déjà pu livrer plusieurs palettes d'eau et de nourriture à l'aéroport de Tacloban, une des villes les plus meurtries, où bientôt une semaine après le passage d'Haiyan, l'aide arrive toujours trop lentement.

Scènes de pillage

De nombreuses scènes de pillages ont été signalées à travers la province de Leyte, la plus touchée, en dépit du déploiement de soldats pour maintenir l’ordre.

"Le soir, un silence de mort règne sur les zones côtières dévasté es sur une bande de terre de plus de 70 kilomètres au sud de Tac l o b an. On voit des corps jonchés les plages immenses. Les gens manquent de tout", raconte Cyril Payen, envoyé spécial de FRANCE 24 aux Philippines.
" À partir de 17 heures, on ne voit plus rien car il n’y a plus d’électricité. Tout le monde est calfeutré chez soi. Tout le monde a un peu peur des pillages et des problèmes sécuritaires", poursuit-il. 
Si les patrouilles de policiers et le couvre-feu, instauré de Tac l oban à Palo, rassurent un peu la population, des rumeurs commencent à courir. "La rumeur, impossible à vérifier, que les rebelles d’extrême gauche viendraient voler la nourriture, commence à prendre", témoigne Marie Linton, envoyée spéciale de FRANCE 24 à Palo, sur l’île de Leyte. De même que la fuite des prisonniers de la prison de Tac l oban effrayent les gens", poursuit-elle.
Les survivants manquent de tout

À Palo, comme partout ailleurs, la situation reste catastrophique et l’aide n’arrive pas. Les milliers de réfugiés manquent de tout : eau potable, nourriture, médicaments. "La seule véritable aide est celle de la municipalité et de l’église, dans ce pays catholique à 80 %. Les différents diocèses ont distribué du riz, des boîtes de conserve et des pâtes à plus de 2 500 familles de Palo ce matin", selon Marie Linton.

Dans la municipalité, le bilan officiel est de 813 morts et 23 disparus. "Mais personne n’y croit vraiment. Ce matin, on a vu 5 cadavres dans les rues, certains dans les débris, d’autres dans les fosses communes. La mairie n’a pas toujours les moyens d’aller récupérer les corps. C’est pour ça que l’odeur est absolument insupportable", raconte Marie Linton.

À Tacloban, capitale de l'île de Leyte particulièrement meurtrie par le typhon, même constat. Des milliers de sinistrés privés d'eau et de nourriture tentent de fuir en obtenant une place sur un des rares vols en partance, alors que les ruines de la ville sont toujours jonchées de cadavres, faisant peser des risques sanitaires.

L’urgence : enterrer les morts

Près de 200 sacs mortuaires étaient alignés jeudi matin à l'extérieur de la mairie de Tacloban. De nombreux corps, beaucoup non identifiés, doivent être transportés jeudi vers des fosses communes à l’extérieur de la ville, l’une pour les corps identifiés, l'autre pour les inconnus, dont les empreintes ont été prises pour tenter de les identifier a posteriori.

La municipalité estime avoir déjà collecté 2.000 corps, alors qu'estimer le bilan du typhon reste difficile. L'ONU a évoqué 10.000 morts dans la seule ville de Tacloban, mais le président philippin Benigno Aquino a jugé ce chiffre "trop élevé", parlant de "2 000 à 2 500" morts. Le dernier bilan officiel provisoire fait quant à lui état de 2 357 morts et 77 disparus. Et les municipalités crient à l’aide pour récupérer les corps.

Lenteur de l’aide internationale
La chef des opérations humanitaires de l'ONU a reconnu , jeudi , que l'aide aux innombrables survivants du typhon Haiyan qui a ravagé les Philippines était trop lente, déplorant qu'ils aient été "abandonnés" dans une situation désespérée. Je pense que nous sommes tous extrêmement bouleversés d'être au sixième jour et de n'avoir pas pu atteindre tout le monde", a déclaré Valerie Amos à Manille, reconnaissant que l'aide n'avait pas atteint des zones où "les gens ont un besoin désespéré d'aide".
Le porte-avion américain "George Washington" est attendu dans la soirée de jeudi, avec 5 000 marins et plus de 80 avions qui devraient permettre d’accélérer la distribution de l’aide. Le Japon prépare de son côté l’envoi d’un millier de soldats, accompagnés de navires, d’hélicoptères et d’avions de transport dans ce qui s’annonce comme la plus importante mission militaire japonaise à l’étranger depuis celle menée en Indonésie, après le tsunami dans l’océan Indien en 2004.