La conférence annuelle de l’ONU sur le climat s’est ouverte, lundi, en Pologne, un pays qui fait pourtant figure de mauvais élève européen en matière de pollution. Les négociations qui débutent doivent aboutir à un accord en 2015 à Paris.
Des cheminées aussi hautes que la Tour Eiffel, 30 millions de tonnes de CO2 produites par an… Bienvenue à la centrale thermique de Bełchatów, en Pologne. Un mastodonte qui produit 20 % des besoins en électricité du pays, et dispose de sa propre mine d’extraction de combustibles, la lignite.
À l’heure, où l’Europe fait figure de plutôt bonne élève en matière d’énergies renouvelables, la Pologne, elle, continue d’exploiter et de créer des complexes comme celui de Bełchatów. Les centrales à charbon couvrent aujourd’hui 95 % des besoins énergétiques du pays. Et pourtant, c’est bien à Varsovie que se tient, cette année, la conférence sur le climat organisée par les Nations unies.
Deux ans de négociations au programme
Pour cette 19e édition, quelque 190 pays se réunissent du 11 au 22 novembre. Un rendez-vous qui vise à poser les bases d’un ambitieux accord global, attendu en 2015 à Paris, sur la limitation des gaz à effet de serre (GES). Alors que le souvenir de l’échec de la conférence environnementale de Copenhague en 2009 est encore vif, Varsovie a donc la lourde tâche d’ouvrir les négociations qui s’étaleront sur deux ans, avant d’aboutir à Paris.
Mais difficile pour la Pologne de donner le "la", alors que l’opinion publique polonaise et les industriels semblent plus proches des climato-sceptiques que des écologistes… “Lorsque l’on compte toutes les familles qui en vivent, [la survie du secteur des énergies fossiles] est un problème majeur qui devrait être prioritaire pour le gouvernement. [...] Se battre contre le réchauffement climatique uniquement dans une partie du monde, en l'occurrence l’Europe, c’est une politique douteuse”, critique Marek Uszko, président par intérim de Kompania Weglova, la plus grande compagnie minière d’Europe, aujourd’hui criblée de dettes.
Réduire de 80 % les émissions d’ici à 2050
Le délégué des Philippines à la conférence internationale sur le climat à Varsovie a, de son côté, annoncé qu'il s'abstiendrait de manger jusqu'à la fin de la réunion le 22 novembre. "Par solidarité avec mes compatriotes, qui luttent pour trouver de la nourriture [...], je commencerai un jeûne volontaire pour le climat", a déclaré Naderev Sano.
Et le gouvernement polonais semble abonder dans le même sens. “C’est une question d’indépendance énergétique. Nous avons ici du charbon à volonté, que nous pouvons utiliser, et ainsi éviter d’augmenter l’importation de combustibles fossiles”, justifie Tomasz Dabrowski, chef du département énergie, au ministère de l’Économie. Les minces actions du gouvernement pour limiter les émissions de GES passent aujourd’hui par la modernisation des centrales existantes, et la construction de nouveaux blocs énergétiques plus propres. Mais pour les écologistes ce n’est évidemment pas suffisant.
D’autant plus que la Pologne a d’ores et déjà apposé son veto à “carbone 2050”, la feuille de route de l'Union européenne qui doit être discutée tout au long de la conférence climatique. Reste que, si les étapes proposées par l’ONU ne lui conviennent pas, le gouvernement polonais approuve toutefois l’objectif final, qui est de réduire de 80 % les émissions d’ici à 2050.
Le relais du protocole de Kyoto
Selon les experts du Giec, si les pouvoirs publics n'agissent pas rapidement, le réchauffement climatique pourrait frôler les 5°C, alors que la communauté internationale s’est fixée une limite à 2°C, par rapport à l’ère pré-industrielle.
Pour l'heure, le seul texte limitant les GES est le protocole de Kyoto, mais il ne concerne que les pays industrialisés, à l'exception notable des États-Unis qui ne l'ont jamais ratifié, et ne couvre désormais que 15 % des émissions totales. Le prochain accord, qui prendra le relais du protocole de Kyoto en 2020, doit inclure les États-Unis, et les grands pays émergents, parmi lesquels la Chine, qui demeure le premier pollueur au monde.
Avec dépêches
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