
À l’issue de l’introduction en bourse, jeudi, de Twitter, l’action du réseau social a gagné plus de 70 % de sa valeur par rapport à son prix de départ. Pour certains, c’est la preuve que Twitter aurait pu récolter bien plus d’argent.
Le sourire des dirigeants de Twitter dans la salle du New York Stock Exchange, les médias du monde entier célébrant une introduction en bourse réussie pour le service de microblogging... tout, en fait, ne reflèterait pas la réalité.
Pour le site Fortune, Twitter a raté, d’un point de vue financier, son introduction en Bourse jeudi 7 novembre. Plus précisément, le site du magazine américain juge que la folie boursière de jeudi prouve que le réseau social aurait pu faire bien mieux. “Twitter a laissé plus d’1,3 milliard de dollars sur la table”, assure Fortune.
Le raisonnement du magazine ? À la lumière de l’évolution du cours de Twitter durant la session de jeudi, le prix de 26 dollars par action fixé pour l’introduction en bourse par les dirigeants de la société californienne était trop bas. À 40 dollars, ces titres n’ont eu aucun mal à trouver preneur, et le groupe aurait donc, aisément, pu récolter plus d’un milliard de dollars en plus.
C’est le même raisonnement qui avait poussé certains observateurs à qualifier l’introduction en bourse de Facebook, en mai 2012, de succès alors que la plupart des analystes l’ont qualifié de débâcle. En plaçant le prix d’entrée très haut (38 dollars), les dirigeants du réseau social ont pu lever 16 milliards de dollars. Que le cours de l’action se soit, ensuite, effondré pendant plusieurs mois importe peu aux employés de Facebook, qui sont devenus du jour au lendemain des millionnaires.
“Cadeau aux investisseurs qui ont soutenu Twitter”
Un raisonnement purement financier qui “montre que certains n’ont pas compris cette introduction en Bourse”, explique à FRANCE 24 Cédric Chabaud, gérant du fonds Skylar Origin, spécialisé dans les introductions en bourse. Certes, il reconnaît que Twitter aurait pu grappiller quelques poignées de millions de dollars en plus, mais l’une des principales différences avec l’épisode Facebook – où un grand nombre d’employés ont transformé leurs actions en billets verts – c’est que dans le cas du site de microblogging, la plupart des investisseurs, déjà détenteurs d'actions Twitter, en ont acheté d’autres pour augmenter leur participation au capital.
Et à la fin de cette première journée de cotation, leur portefeuille vaut bien plus. “Ce milliard que Twitter a laissé sur la table est, en fait, un cadeau et une manière de remercier ces investisseurs qui ont fait confiance à la société en la soutenant jusqu’à présent”, analyse Cédric Chabaud.
"C’est une question de confiance”
Pour ce spécialiste, Twitter a, en fait, “très bien géré” son introduction en Bourse. “Pour une société qui compte avant tout sur son image auprès des investisseurs [vu qu’elle ne génère encore aucun profit, NDLR], l’important n’était pas de lever autant d’argent que possible, mais de montrer que tout s’est bien passé, et que le cours de l’action progresse. C’est une question de confiance”, résume-t-il.
Si cet expert des introductions en bourse juge, donc, que Twitter est loin d’avoir raté son arrivée au NYSE, il affirme aussi que les autres grands gagnants sont “les quelques grands fonds américains, à qui ont été alloués au prix de 26 dollars environ 50 % des actions de Twitter mises sur le marché”. Sur ce point, il rejoint Fortune, qui conclut également que “les banquiers du réseau social doivent être extatiques après avoir pu obtenir pour leurs riches clients autant d’actions à un si bon prix”.