
Le président de la commission d'enquête palestinienne sur la mort de Yasser Arafat, Tawfiq Tiraoui, a désigné, vendredi, Israël comme le "principal et unique suspect de l'assassinat" du dirigeant historique palestinien.
"Israël est le premier, principal et unique suspect de l’assassinat, de Yasser Arafat", a estimé, vendredi 8 novembre, Tawfiq Tiraoui, le président de la commission d'enquête palestinienne sur la mort du dirigeant historique de l’Autorité palestinienne en 2004. Tawfiq Tiraoui, a précisé, lors d’une conférence de presse donnée à Ramallah en Cisjordanie, que la commission se fondait notamment sur les conclusions des rapports médicaux suisse et russe.
Établis à partir d'échantillons biologiques, prélevés le 27 novembre 2012 sur sa dépouille, ces rapports permettent d'établir que "Yasser Arafat n'est mort "ni de vieillesse, ni de maladie, mais par empoisonnement", a indiqué le Dr Abdallah al-Bachir, chef de l'équipe médicale de la commission d'enquête.
Les experts helvètes ont trouvé dans le fémur et les côtes de Yasser Arafat un niveau de polonium de 18 à 36 fois supérieur à la normale. Pour le centre universitaire romand de médecine légale, ces doses supposent forcément l'intervention d'un tiers.
Prudence de l’expertise
Mais les deux experts, qui ont examiné la dépouille de Yasser Arafat, restent néanmoins prudents : s’ils appuient l’hypothèse d’un empoisonnement au polonium, ils n’avançaient aucune certitude.
"On ne peut pas dire que le polonium a été la source de la mort" d'Arafat, a déclaré, jeudi 7 novembre, lors d'une conférence de presse à Lausanne, le professeur François Bochud, directeur de l'Institut de radiophysique appliquée. Mais "on ne peut pas l'exclure", a-t-il nuancé. "Nos résultats soutiennent raisonnablement la thèse de l'empoisonnement", a ajouté le professeur Bochud.
Il n'est pas possible pour les scientifiques d'apporter des conclusions plus tranchées. Selon le professeur Patrice Mangin, directeur du Centre universitaire romand de médecine légale, il aurait fallu obtenir des échantillons après la mort d'Arafat, survenue dans un hôpital de la région parisienne, mais il n'en existe plus.
Des experts russes avaient, de leur côté, indiqué en octobre dernier, ne pas avoir retrouvé de polonium dans les échantillons biologiques. Une soixantaine d'échantillons de la dépouille du dirigeant historique palestinien, exhumée à Ramallah en novembre 2012, avait été répartis entre des équipes russes, françaises et suisses.
La commission palestinienne attend le rapport de Paris
Le rapport français n'a, lui, toujours pas été transmis à la commission palestinienne, qui a demandé à Paris d'accélérer la procédure. "La France connaît toute la vérité et les détails sur le martyre de Yasser Arafat", a insisté Tawfiq Tiraoui.
Les raisons de la mort du dirigeant historique palestinien le 11 novembre 2004 n'ont pas été élucidées, et nombre de Palestiniens soupçonnent Israël, qui a toujours nié, de l'avoir empoisonné.
Souha Arafat, veuve de l'ancien président de l'Autorité palestinienne, avait annoncé jeudi avoir recueilli des informations de l'équipe suisse, et dénoncé un "assassinat politique". Cette dernière, qui a déposé plainte en 2012 en France, déclenchant une information judiciaire pour assassinat, n’accuse en revanche aucun pays ou individu en particulier.
Avec dépêches