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L'Allemagne, premier pays européen à légaliser un troisième genre

L'Allemagne est désormais le premier pays européen à reconnaître l'intersexualité. Les bébés non identifiés comme fille ou garçon pourront être enregistrés sans indication de sexe, ce qui risque de relancer le débat sur la théorie du "genre".

Les bracelets roses ou bleus ne suffiront plus dans les maternités allemandes. L'Allemagne devient, le 1er novembre, le premier pays européen à autoriser les nourrissons présentant une ambiguïté sexuelle à être enregistrés sans indication de sexe. Les parents pourront donc inscrire sexe "indéterminé" sur les actes de naissance de leurs nouveau-nés.  

La loi concerne les enfants qui présentent une ambiguïté sexuelle constitutive, rendant impossible la différenciation des organes génitaux.   Mais elle  "n'est pas appropriée pour résoudre l'ensemble des problématiques complexes des personnes intersexuées", a précisé le ministère de l’Intérieur.
La mesure est destinée à atténuer la pression sur les parents, poussés à décider d’urgence du sexe de leurs enfants. Dans les faits, les opérations sont réalisées quasi-immédiatement après la naissance, une pratique dénoncée par des associations créées depuis vingt ans, qui estiment que chacun doit avoir le choix de son identité.
Sexe : "X"
Le passeport allemand sur lequel est apposé un "M" pour masculin ou un "F" pour féminin pourra bientôt arborer un "X" dans la case réservée au sexe, selon un porte-parole du ministère de l'Intérieur. Mais au cours de leur existence, ces "intersexuels" auront toutefois la liberté de modifier leur état civil s’ils le souhaitent. À titre d’exemple, au mois de juin 2013, en Australie, Norrie May-Welby est devenue la première personne "neutre" au monde après avoir décidé de rester "indéterminée" toute sa vie.
Cette reconnaissance juridique en Allemagne devrait, sans surprise, raviver la polémique sur la "théorie du genre", dont les détracteurs estiment que la réalité biologique d’un être est un fondement inaltérable de la société. 
Remédier à l’ignorance sociale généralisée
La nouvelle loi fait suite à un rapport de 2012 du comité d'éthique allemand qui réunit théologiens, universitaires, juristes. Il soulignait que les personnes connaissant des "différences sur le plan du développement sexuel" souffraient face "l'ignorance sociale généralisée" et au "manque de respect du corps médical".
Le nombre de cas d'intersexués est estimé à une naissance sur 1 500 à 2 000 mais il pourrait être plus élevé, en raison des difficultés de définition de l'intersexualité, tant sur un plan physique qu'hormonal. Selon Le Monde , un nouveau-né sur 5 000 serait concerné, 200 par an en France.