![Tunisie : "le terrorisme vise désormais le tourisme" Tunisie : "le terrorisme vise désormais le tourisme"](/data/posts/2022/07/18/1658166724_Tunisie-le-terrorisme-vise-desormais-le-tourisme.jpg)
La sécurité est renforcée en Tunisie au lendemain de deux attentats-suicides manqués sur la côte est du pays. Certains médias craignent une escalade du "terrorisme" qui menace le tourisme, moteur de l'économie tunisienne.
Le spectre du terrorisme plane-t-il sur la Tunisie ? Mercredi 30 octobre, un homme présenté comme un kamikaze djihadiste s'est fait exploser sur une plage, sans faire d'autres victimes, près de la station balnéaire de Sousse (nord-est). La Tunisie n'avait jusque-là connu qu'un seul attentat-suicide, en 2002 à Djerba. Depuis mercredi, la sécurité a été renforcée dans le pays.
De sources proches des services de sécurité, on rapporte en outre que la police a appréhendé un autre homme qui tentait de se faire exploser à Monastir, devant la tombe de l'ancien président Habib Bourguiba, et a arrêté à Sousse cinq autres personnes soupçonnées de préparer des attentats.
Les deux actions n'ont pas été revendiquées, mais le gouvernement, mené par les islamistes d'Ennahda, y voit la main du groupe djihadiste Ansar al-Charia, lié, selon Tunis, à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
"Dangereux tournant !"
Au lendemain de deux attentats-suicides manqués, les journaux tunisiens notaient une véritable escalade du "terrorisme" qui s'attaque désormais au tourisme, moteur de l'économie tunisienne. Jusqu'à présent seuls étaient ciblées les forces de sécurité dans des zones largement rurales.
"Le terrorisme vise désormais le tourisme", constate ainsi la une du quotidien "Le Temps". "Les commanditaires visent désormais le cœur battant de l'économie tunisienne et qui sait s'ils ne projettent pas carrément d'urbaniser le terrorisme en déployant leur funeste action dans les établissements publiques, les écoles, les supermarchés et partout où la foule est dense", craint ce journal dans son éditorial.
"Dangereux tournant !" titre pour sa part "Le Quotidien", qui appelle néanmoins à "ne pas céder à la panique". Le journal souligne par ailleurs qu'avec la multiplication des affrontements armés entre policiers et djihadistes ce mois-ci (neuf morts au sein des forces de l'ordre en octobre), les attentats avortés de Sousse et Monastir, sur la côte est de la Tunisie, ne sont pas une surprise.
L'attentat de Sousse est en effet de mauvais augure pour le secteur du tourisme, qui a déjà connu un début d'année difficile à la suite de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd en février. L'année 2012 avait pourtant semblé prometteuse : avec 5,8 millions de visiteurs étrangers, des Européens surtout, la Tunisie se rapprochait peu ou prou des chiffres d'avant la révolution du début de l'année 2011 (un peu moins de 6,5 millions de visiteurs en 2010).
"Quoi qu'il se passe, ce sera négatif car c'est la première fois qu'ils attaquent un hôtel", a souligné à Reuters Mohamed Ali Toumi, qui dirige la Fédération tunisienne des agences de voyage.
Une menace pour le dialogue national
Les journaux estiment par ailleurs que ces tentatives d'attentats, qui ont coûté la vie à l'un des kamikazes, visent à faire dérailler les négociations en cours entre opposants et islamistes au pouvoir pour mettre en place un gouvernement d'indépendants chargé de conduire le pays aux élections.
"À chaque fois où une lueur d'espoir pointe à l'horizon sur l'échiquier politique, une action terroriste est programmée pour ralentir le processus de réconciliation et de mise en place d'un plan de salut national", relève "Le Quotidien".
Réprimés par le gouvernement de Zine el-Abidine Ben Ali, plusieurs groupes salafistes ont pris depuis 2011 une importance de plus en plus grande dans certaines mosquées. Des islamistes radicaux ont attaqué des magasins vendant de l'alcool et des représentations théâtrales, jugées contraires à la religion.
Ennahda, que l'opposition laïque de gauche juge trop laxiste envers les salafistes, a attribué à Ansar al-Charia les meurtres des opposants Chokri Belaïd en février et Mohamed Brahmi en juillet. Des meurtres qui ont provoqué des mois de manifestations. Ennahda a finalement accepté de quitter le gouvernement d'ici trois semaines et de laisser la place à une administration de transition jusqu'aux élections.
Avec dépêches