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Moines de Tibéhirine : Alger donne son feu vert à la venue du juge Trévidic

Lors d'une rencontre à l'Élysée avec les familles des sept moines de Tibéhirine assassinés en 1996, le président François Hollande a annoncé mercredi que le juge antiterroriste Marc Trévidic se rendra fin novembre en Algérie.

C’est un premier pas, mais pas des moindres. Après plusieurs années d'atermoiements d'Alger, le juge antiterroriste Marc Trévidic a enfin reçu l'autorisation  des autorités algériennes pour se rendre en Algérie dans le cadre de son enquête sur l’assassinat des moines de Tibéhirine en 1996. Le président François Hollande a annoncé la nouvelle aux familles des victimes qui réclament justice depuis plus de 17 ans, lors d'une rencontre à l'Élysée, mercredi 30 octobre.

"Le président a indiqué que les autorités algériennes avaient fait savoir que le juge Trévidic pourrait se rendre en Algérie pour une réunion préparatoire" aux actes d'enquête qu'il veut y effectuer "durant la deuxième quinzaine de novembre", a indiqué l’avocat des familles, Me Patrick Baudouin.

La piste de la bavure de l'armée algérienne privilégiée

Une étape cruciale car ce n'est qu'à l'issue de ce voyage que le magistrat saura ce qu’il est "autorisé à faire" sur place. Le juge Trévidic, en charge de l'instruction depuis 2007, souhaite procéder à une vingtaine d'interrogatoires mais aussi à l'autopsie des têtes retrouvées le 30 mai 1996 au bord d'une route de montagne, près de Médéa, au sud d’Alger. Seuls des examens médicaux-légaux pourraient permettre de déterminer les causes du décès des frères Christian, Christophe, Michel, Celestin, Luc, Bruno et Paul : la décapitation ou la mort par balles.

Dix sept ans après la mort des sept moines trappistes, enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, dans leur monastère isolé de Tibéhirine, la piste islamiste est largement remise en cause par le juge Trévidic. Malgré la revendication du Groupe islamique armée (GIA) de Djamel Zitouni, longtemps soupçonné d'avoir été un agent infiltré des services algériens, l'enquête judiciaire favorise depuis 2009 la théorie de la bavure de l'armée algérienne. D’après le témoignage du général François Buchwalter, ancien attaché de défense à l'ambassade de France à Alger, les moines ont été tués dans un raid d'hélicoptères militaires tandis qu'ils se trouvaient dans ce qui semblait être un bivouac de djihadistes.

Entretien avec Abdelaziz Bouteflika sur l'assassinat des moines de Tibéhirine

Les appels répétés des familles à François Hollande

En décembre 2011, le juge Trévidic avait délivré une commission rogatoire internationale à Alger. En vain. Lassés par l’inertie des autorités algériennes, les proches des moines trappistes réclamaient de manière insistante l'intervention du chef de l'État français pour débloquer la situation.

Le 13 décembre 2012, à la veille de son voyage officiel en Algérie, le président Hollande avait ainsi été interpellé pour qu’il insiste auprès des autorités algériennes pour lever les entraves à l’enquête du juge Trévidic. En juin dernier, les familles avaient publié une lettre ouverte dénonçant "la résistance des autorités algériennes à une collaboration réelle et positive avec la justice française".

Cette fois, les familles semblent avoir été entendues. Selon Me Baudoin, le président Hollande s'est même dit prêt à intervenir de nouveau "en cas de besoin".