logo

Tunnel sous le Bosphore : le rêve d'un sultan concrétisé

Le tunnel sous le Bosphore, un rêve vieux de 150 ans, est inauguré ce mardi à Istanbul. Ce métro permettra de relier en quelques minutes les deux rives de la métropole turque, et d'en soulager un tant soit peu la circulation cauchemardesque.

Un chantier titanesque. Neuf ans de travaux, des défis techniques hors du commun, un coût total dépassant les 3 milliards d’euros… Le tunnel ferroviaire sous le Bosphore, permettant de relier en quelques minutes les deux rives d'Istanbul, est officiellement inauguré mardi 29 octobre.

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, ancien maire de la métropole turque, n’a laissé à personne d’autre que lui le soin de couper le traditionnel ruban. De tous les projets urbains pharaoniques qu’il a entamés, source de la colère qui a éclaté en juin dernier chez les Stambouliotes, c’est sûrement celui-ci qui marquera les mémoires.

Ce métro souterrain, un double tube immergé sous le lit du détroit du Bosphore sur 1,4 km, censé pouvoir résister à des séismes d’une magnitude 9 sur l’échelle de Richter, est un projet vieux de 150 ans. C’est le sultan Abdülmecid Ier, en 1860, qui, le premier, avait évoqué un passage sous le détroit. À l’époque, aucune technologie ne permettait de réaliser cet ambitieux projet. Il a été déterré dans les années 1990, dans une Istanbul en pleine explosion démographique.

"Nos ancêtres ont travaillé là-dessus, il nous est revenu de le réaliser", s’est réjoui il y a quelques mois Recep Tayyip Erdogan, surnommé "le nouveau sultan" par ses détracteurs. Aujourd’hui, plus de deux millions de personnes traversent aujourd’hui le Bosphore par l’un des deux ponts ou par bateau, engendrant une circulation cauchemardesque.

150 000 passagers par heure

"Le tunnel crée un axe de transport entre l'est et l'ouest de la ville qui, je crois, va alléger le fardeau des deux ponts grâce à sa capacité de 150 000 passagers par heure", a déclaré lundi le maire d'Istanbul, Kadir Topbas.

Entamés en 2004, les travaux, principalement financés par la Banque du Japon pour la coopération internationale et la Banque européenne d'investissement, devaient initialement durer quatre ans. Mais des trésors archéologiques ont été découverts sur le chantier, notamment un exceptionnel cimetière d'une trentaine de navires byzantins, la plus vaste flottille médiévale connue à ce jour. Quelque 40 000 objets ont été exhumés.

Mais les fouilles n’ont pas pu être achevées, le chef du gouvernement se montrant pour le moins pressé de voir se terminer les travaux. "D'abord, ils ont parlé de trucs archéologiques, puis de pots en argile, puis ci, puis ça. Est-ce que tout ça est vraiment plus important que la population ?" s'est-il emporté il y a deux ans.

Aujourd’hui, malgré l'empressement des autorités à inaugurer l'ouvrage, à l'approche des élections municipales en 2014, les travaux sont loin d’être véritablement achevés : le métro sous le Bosphore n'est pas intégré au reste du réseau de transports de la ville, un processus qui risque de prendre encore quelques années. À terme, cet ouvrage doit être relié à 75 km de nouvelles voies.

Avec dépêches