
Des agriculteurs bretons ont manifesté samedi contre l'écotaxe poids lourds qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2014. Trois personnes ont été blessées lors d'affrontements, dont un manifestant qui a eu la main arrachée.
La tension monte en Bretagne contre l'écotaxe, taxe gouvernementale prélevée sur les poids lourds de transport de marchandises qui doit être mise en place dès janvier prochain. Dans le Finistère, le dernier des trois portiques écotaxe, qui repèrent les camions soumis à cet impôt, a été la cible, samedi 26 octobre, d'une manifestation à l'appel du "Collectif pour l'emploi en Bretagne". Plus d'un millier de personnes dont des salariés d'entreprises en difficulté comme Gad SAS, ou encore des agriculteurs étaient présents.
Avec quelque 250 camions, des tracteurs et des remorques pleines de pneus, des choux-fleurs, des œufs et des bottes de paille, les manifestants sont arrivés sur le portique de Pont-de-Buis, situé sur la route nationale 165 entre Brest et Quimper, avec l'intention de le faire tomber. Sur place, quelque 150 gendarmes mobiles ont protégé le site et ont été renforcés à 18h30 par une compagnie de CRS, soit plus d'une centaine de policiers.
Les agriculteurs, qui avaient pour la plupart enfilé des bonnets rouges en référence à la révolution antifiscale en Bretagne au XVIIe siècle, ont lancé un premier assaut peu après 14 heures, jetant des pneus en feu et d'autres projectiles. Tout l'après-midi, des scènes de guérilla entre anti-écotaxe et forces de l'ordre ont eu lieu sur les collines qui entourent le portique, avant de se calmer à la nuit tombée.
Trois blessés
Lors de ces échauffourées, un homme a eu la main arraché et a été évacué par hélicoptère. Selon des témoins, il a tenté de saisir une grenade envoyée par les forces de l'ordre pour disperser les manifestants. Le préfet du Finistère, Jean-Luc Videlaine, a, quant à lui, annoncé qu'un autre manifestant avait légèrement été blessé au cou par un tir de flashball, ainsi qu'un gendarme mobile.
"Qu'est ce qu'il attend Ayrault pour suspendre l'écotaxe dans le Finistère, qu'il y ait un mort ?", a demandé à l'AFP un éleveur de volailles en colère lors de la manifestation. Ces actions deviennent de plus en plus tendues alors que le gouvernement reste inflexible sur la date de mise en application de l'écotaxe, assurant cependant à la Bretagne un abattement de 50% en raison de son éloignement du reste de l'espace européen.
Rassemblement samedi prochain à Quimper
Une réunion, vendredi à Rennes, à la préfecture de région, boycottée par les représentants des acteurs économiques bretons, n'a pas suffi à apaiser les tensions. Le préfet de région Patrick Strzoda a affirmé à cette occasion que "pour l'instant, les problèmes évoqués peuvent trouver une solution dans la mise en place de l'écotaxe au 1er janvier", mais les opposants réclament eux un report de la date.
De son côté, Olivier Billon, président des Jeunes agriculteurs (JA) du Finistère, a donné "rendez-vous samedi prochain à Quimper pour le rassemblement régional". "Ce n'est que reporté pour le portique", a-t-il ajouté. Selon un sondage Ifop à paraître dans "Dimanche Ouest-France" les Bretons sont à 74 % "vent debout contre l'écotaxe", principalement ceux du Morbihan (82%) et du Finistère (81 %).
(Avec dépêches)