Le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, en visite officielle à Washington, a demandé mercredi au président Barack Obama de mettre fin aux tirs de drones menés par les États-Unis dans son pays.
Les relations américano-pakistanaises vont-elles se réchauffer ? C’est en tous cas ce qu’espère Washington à l’issue du premier face-à-face mercredi 23 octobre entre le président Barack Obama et le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, en visite officielle aux États-Unis.
Pourtant, rien de moins simple. Les relations entre Washington et Islamabad se sont considérablement dégradées après la mort dans un raid américain en mai 2011 du chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden, qui vivait caché en territoire pakistanais. "Les relations avaient même pris un gros coup de froid", précise le correspondant de FRANCE 24 à Washington, Stanislas de Saint-Hippolyte.
Et l’accalmie diplomatique entre les deux pays semble d’autant plus difficile que le Pakistan demande désormais expressément la fin des frappes de drones menées par les États-Unis dans le pays, un contentieux de longue date. À l'issue d'une réunion dans le cadre solennel du Bureau ovale, Nawaz Sharif a en effet déclaré aux journalistes avoir "évoqué la question des drones (...) en insistant sur la nécessité de mettre fin à de telles frappes". Le président américain, de son côté, a préféré évité le sujet devant la presse, se contentant d’affirmer que les relations entre les deux pays étaient "fondées sur les principes du respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale".
Depuis 2004, entre 2 000 et 4 700 personnes, dont des centaines de civils ont été tuées par plus de 300 tirs d'aéronefs américains sans pilote dans les zones tribales du nord-ouest pakistanais. Mené par la CIA, ce programme de frappes clandestines a longtemps fait figure de secret de polichinelle, avant que le Barack Obama finisse lui-même par en reconnaître officiellement l'existence.
Les drones, permis de tuer
Nawaz Sharif avait déjà rappelé mardi lors d'une allocution à Washington que "l'usage de drones était non seulement une violation de la souveraineté" du pays, "mais qu'il se faisait aussi au détriment" des efforts pakistanais de lutte contre le terrorisme.
Mardi, Amnesty International a publié un rapport au vitriol sur le recours des drones par les États-Unis, jugeant que Washington s'arrogeait ainsi un "droit de tuer supérieur aux tribunaux et aux normes fondamentales du droit international". L’ON a aussi critiqué "l'ambiguïté" du Pakistan qui considère officiellement ces frappes comme des violations de sa souveraineté, mais qui juge en privé que plusieurs d'entre elles sont "utiles".
Concernant l'Afghanistan voisin, d'où doivent partir 87 000 soldats de l'Otan d'ici à la fin 2014, Obama a promis d'œuvrer à un accord avec Kaboul qui satisferait aussi le Pakistan. Il a assuré être "confiant" dans la conclusion prochaine d'un accord avec les autorités afghanes, qui "sera non seulement bon pour l'Afghanistan, mais protègera aussi le Pakistan à long terme".
Reste que pour l’heure, rien n’a été signé entre les deux pays. "On peut espérer un mieux diplomatique même si les dossiers ne sont pas réglés. On n’a pas d’accord sur le transit du matériel américain via le Pakistan quand ils partiront d’Afghanistan en 2014. On n’a pas d’accord non plus sur les drones", conclut le correspondant de FRANCE 24.