
L'opposition moldave conteste toujours la victoire électorale écrasante du Parti communiste aux législatives du 5 avril. Tandis que les États-Unis commencent à formuler des critiques, elle appelle à de nouvelles manifestations, ce dimanche.
AFP - La pression monte contre le président communiste moldave Vladimir Voronine critiqué par les Etats-Unis pour les interpellations de journalistes alors que la commission électorale a évoqué des fraudes et l'opposition organise une nouvelle manifestation dimanche.
Au lendemain de la décision de M. Voronine d'ordonner un nouveau comptage des voix après les législatives du 5 avril contestées par l'opposition, la commission électorale centrale a approuvé samedi les résultats finaux du scrutin qui doivent être transmis à la Cour constitutionnelle.
Trois des neuf membres de la commission ont à cette occasion publié leur commentaire où ils dénoncent "des violations graves".
Il s'agit notamment de la présence dans les listes électorales de personnes "mortes il y a 15-20 ans" et "l'utilisation abusive par le parti au pouvoir des ressources de l'administration", selon Mikhaïl Busulac, l'un des trois membres de la commission.
L'opposition qui insiste également sur la vérification des listes électorales a raillé samedi l'initiative de M. Voronine de recompter les voix saluée par l'Union européenne et les Etats-Unis.
"Le nouveau comptage ordonné par le président Voronine ne nous intéresse pas", a déclaré Serafim Urechean, l'un des leaders de l'opposition lors d'une conférence de presse.
"C'est une ruse pour gagner du temps. Nous exigeons (...) de pouvoir vérifier les listes électorales", a-t-il ajouté.
La Commission électorale centrale a autorisé des membres de l'opposition à vérifier les listes pendant quatre jours mais les communistes ont saisi la justice pour contester cette décision.
Le justice devait examiner la question samedi, mais a reporté sa séance à lundi, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les leaders de l'opposition ont par ailleurs annoncé une manifestation dimanche à 11H00 locales (08H00 GMT) pour dénoncer "la dictature communiste" et protester contre l'interpellation de jeunes lors d'émeutes mardi.
"Il y a des centaines d'interpellés à Chisinau. Leurs parents ne savent pas où ils se trouvent, ils ne peuvent pas communiquer avec les avocats", a déclaré Vlad Filat, leader du parti libéral-démocratique.
"Il faut que ces jeunes soient reconnus prisonniers de la dictature communiste", a lancé Serafim Urechean.
L'ambassadeur des Etats-Unis en Moldavie a aussi critiqué samedi les interpellations de journalistes et d'étudiants en Chisinau.
"Nous sommes particulièrement inquiets des interpellations de journalistes et d'étudiants sans raison apparente, des pressions exercées sur les professeurs pour empêcher la participation d'étudiants aux manifestations", a déclaré l'ambassadeur Asif Chaudhry dans cet entretien publié sur le site infotag.md.
"Nous avons reçu des plaintes directes de journalistes qui ont fait état d'actes d'intimidation. Nous avons vu des reportages télévisés montrant des journalistes et étudiants passés à tabac", a-t-il poursuivi.
L'association Reporters sans frontières (RSF) a également dénoncé "une dégradation inquiétante" de la situation en Moldavie après l'agression et l'expulsion de plusieurs journalistes, notamment roumains, ces derniers jours.
Le président Voronine a accusé la Roumanie d'être derrière les émeutes qui ont conduit au saccage du Parlement et de la présidence, disant vendredi disposer de "preuves" de l'implication de Bucarest.
Lors d'une conversation téléphonique avec le diplomate en chef de l'UE Javier Solana, M. Voronine lui a demandé samedi d'envoyer à Chisinau une mission européenne afin de prendre connaissance de la situation.