L'ambassadeur des États-Unis est appelé à s'expliquer auprès du ministre français des Affaires étrangères sur les écoutes de communications en France par l'agence américaine de renseignement (NSA). L'affaire a été révélée par "Le Monde" lundi.
L'affaire commence à faire grand bruit. Quelques heures à peine après les révélations du journal "Le Monde" sur les écoutes téléphoniques de citoyens français par l'agence américaine de renseignement (NSA), le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a convoqué l'ambassadeur des États-Unis en France. Charles H. Rivkin, en poste depuis 2009 à Paris, est attendu au Quai d'Orsay dans la matinée.
"Ce type de pratiques entre partenaires qui portent atteinte à la vie privée est totalement inacceptable. Il faut s'assurer, très rapidement, qu'en tout cas, elles ne sont plus pratiquées", a dénoncé Laurent Fabius dès son arrivée à une réunion européenne à Luxembourg.
Un peu plus tôt, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait qualifié de "choquantes" les informations du "Monde" et a assuré qu'il allait "appeler à des explications".
D'après le journal français, 70,3 millions d'enregistrements téléphoniques de citoyens français ont été réalisés par la NSA entre le 10 décembre 2012 et le 8 janvier 2013. Le quotidien s'est basé sur les documents fournis en juin dernier par l'ancien consultant de la NSA aujourd'hui réfugié en Russie, Edward Snowden.
Par ailleurs, selon les documents de la NSA obtenus par "Le Monde", l'agence américaine s'est intéressée de près, entre le 1er et le 31 janvier 2013, aux adresses de messagerie wanadoo.fr, ancienne filiale d'Orange qui compte encore 4,5 millions d'utilisateurs, et alcatel.lucent.com, l'entreprise franco-américaine de télécommunications.
D'après les documents dévoilés par Edward Snowden, le programme de surveillance Prism ciblait les adresses elles-mêmes mais aussi des mots-clés.
Les directions d'Orange et d'Alcatel ont refusé de commenter ces informations.
Parmi les éléments inédits révélés par le journal figurent les techniques utilisées dans le programme baptisé "US-985D" pour surveiller les appels des Français.
Le monde des affaires sous surveillance
"Quand certains numéros de téléphone sont utilisés dans l'Hexagone, ils activent un signal qui déclenche automatiquement l'enregistrement de certaines conversations, peut-on lire sur le site du "Monde". Cette surveillance récupère également les SMS et leur contenu en fonction de mots-clés. Enfin, de manière systématique, la NSA conserve l'historique des connexions de chaque cible".
Les documents analysés par "le Monde" montrent que cette surveillance concernait à la fois des personnes suspectées de liens avec activités terroristes que des individus appartenant au "monde des affaires, de la politique ou à l'administration française".
Des "motifs légalement fondés" se justifie la NSA
Interrogées sur ces nouvelles révélations, les autorités américaines ont botté en touche, renvoyant simplement à la déclaration officielle du 8 juin précisant que les personnes ciblées à l'extérieur des États-Unis l'avaient été pour des "motifs légalement fondés, tels que la menace terroriste, informatique ou de prolifération nucléaire.".
Dans son édition du 11 août dernier, le journal allemand "Der Spiegel" avait déjà révélé que l'Union européenne et plus particulièrement la France et l'Allemagne, avait fait partie des cibles prioritaires de la NSA.