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Un puissant gang criminel menace de semer la terreur sur le Mondial-2014

Le PCC, la plus puissante organisation criminelle de Sao Paulo, a menacé de semer la terreur pendant le Mondial-2014. Proférées sur fond de chantage aux autorités locales, ces menaces interviennent à huit mois du début de la compétition.

Le Premier Commando de la capitale (PCC), la plus importante organisation criminelle brésilienne, menace de semer la terreur durant la Coupe du monde de football de 2014, qui aura lieu au Brésil en juin prochain. Originaire de l'État de Sao Paulo, le PCC planifie des attaques "qui feront oublier au monde le 11 septembre 2001".

Interceptées grâce à des écoutes téléphoniques et révélées cette semaine par la presse locale, ces menaces contre le Mondial ont été proférées par certains membres de l’organisation criminelle, incarcérés à Sao Paulo. Au programme notamment, des enlèvements de groupes de supporteurs étrangers, des mutineries dans les prisons et des attentats dans le métro de Sao Paulo. Et ce, dans le but de discréditer les autorités sécuritaires de la mégapole du Brésil, à quelques mois des élections générales d’octobre 2014, elles-mêmes dans le viseur du PCC. 
"Il ne faut pas être alarmiste"
Mais l’objectif principal de l’organisation, révélé mardi 14 octobre par le quotidien O Estado de Sao Paulo, est d’empêcher que 32 de ses chefs, incarcérés dans des prisons de l'État de Sao Paulo, ne soient transférés et placés en isolement dans d'autres établissements pénitentiaires. Cela permettrait de les empêcher de gérer leurs affaires depuis leurs cellules, en les privant de l’usage de leurs téléphones portables. La mesure est requise par le parquet de Sao Paulo, qui a en outre requis l'arrestation de 175 membres du PCC. Selon BBC Brasil, le but de l’ensemble de ces décisions, qui restent à confirmer par un tribunal, est d’isoler le PCC pendant la durée de la Coupe du monde et la campagne électorale de 2014.
Le commandant général de la police de Sao Paulo, le colonel Benedito Meira, a indiqué à l'AFP, que des communications téléphoniques mentionnant le Mondial avaient été bel et bien été interceptées, mais il a assuré que rien pour le moment ne vient confirmer une "menace réelle". "Il faut voir dans quel contexte, et quand ces phrases ont été prononcées. Il ne faut pas être alarmiste", a-t-il ajouté, tout en précisant, que la police était "préparée pour faire face, même à des attentats" pendant les grands événements.
Chantage à la Coupe du monde
De fait, les menaces sont perçues par les autorités de la ville comme faisant partie d’un stratagème visant à faire du chantage, et faire pression pour obtenir gain de cause. Leurs auteurs, sachant pertinemment que leurs téléphones étaient placés sur écoute, ont ainsi fait passer leur message aux autorités de la ville. Un procureur interrogé par BBC Brasil a estimé, que le PCC avait la capacité de mener des attaques, "mais pour l’instant, il s’agit d’un jeu".
En outre, les menaces contre le Mondial-2014 ont commencé à être proférées quelques jours après la publication, la semaine dernière, d’un rapport du parquet de Sao Paulo, qui a mené une enquête de trois ans et demi sur le PCC. Selon le document, l’organisation criminelle brasse quelque 44 millions d’euros chaque année, et s'étend jusqu'au Paraguay et la Bolivie, pays frontaliers, d'où provient une grande partie de la drogue vendue par l'organisation.
Le PCC contrôle 135 des 152 prisons de Sao Paulo
Créé en 1993 par des trafiquants de drogue incarcérés dans le pénitencier de Taubaté (à 141 kilomètres de Sao Paulo), le PCC est aujourd'hui présent dans 22 des 27 États fédérés du Brésil, et capable de coordonner le trafic de drogue, de commettre toutes sortes de crimes et de gérer ses finances. Selon le parquet de Sao Paulo, l’organisation compte 6 000 membres à l'intérieur des prisons de la ville et 1 600 en liberté. Elle compte également 3 500 membres dans d'autres États du pays. Le PCC disposerait même d’un "conseil d'administration".
Un précédent rapport du Secrétariat national de la sécurité publique (Senasp) du ministère de la Justice avait déjà indiqué en 2012, que le groupe contrôlait 135 des 152 prisons de l'État de Sao Paulo.
Le PCC est tenu pour responsable d'une vague de violences, qui avaient fait plus de 300 morts en 2012, dont une centaine de policiers. En 2006, il avait mené une campagne d'attaques contre des postes de police et des bâtiments publics
 Avec dépêches.