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Aujourd’hui, le Liban accueille plus d’un million de réfugiés syriens. Jusqu’ici les tensions avec les autorités et la population sont restées relativement limitées. Mais, alors qu’un flot constant de réfugiés continue de déferler sur le Liban, la situation se dégrade. La ville de Jezzine au sud du pays, incarne parfaitement ce phénomène.

Au Liban, le nombre de réfugiés syriens avoisine désormais 1,3 million de personnes, selon le gouvernement libanais. Soit près de 30 % de la population locale. Et après deux ans et demi de crise syrienne, alors qu'un flot constant de réfugiés continue de déferler sur le pays du Cèdre, la situation se dégrade. Expulsions, couvre-feux : certaines municipalités libanaises prennent des mesures radicales à l’encontre des réfugiés syriens.

 C’est notamment le cas à Jezzine, la principale ville chrétienne du Sud-Liban, où la mairie a pris des mesures drastiques, comme celle d’interdire les rassemblements de Syriens. La municipalité se plaint également d'une délinquance en recrudescence.

 Cette semaine, la police municipale doit expulser trente familles de réfugiés installées dans des échoppes commerciales, bien qu'elles paient un loyer. "Le premier problème d'insécurité ce sont les vols", explique à FRANCE 24, Charbel Hanna, commandant de la police municipale de Jezzine. "Les ouvriers syriens qui habitent dans la ville en sont les principaux responsables". Et d’ajouter "Nous n'avons pas de problèmes avec les familles, notre seul objectif est d'améliorer leurs conditions de vie, de les faire sortir de ces échoppes pour qu'ils s'installent dans des maisons. Il ne s’agit pas de les chasser définitivement de Jezzine."

 "Punition collective"

 Certaines familles de réfugiés, qui sont au nombre de 1 500 à Jezzine, s'apprêtent à repartir en Syrie, faute de solution durable. "Ils sont venus chez nous, et nous ont menacés en nous disant ‘tel jour, il faut quitter les lieux’. Nous étions écœurés", témoigne Oum Amine, une réfugiée syrienne. "Nous avons commencé à chercher ailleurs, mais nous n'avons rien trouvé".

 À Aley, ville touristique située dans la montagne du Chouf, près de Beyrouth, les autorités municipales ont instauré un couvre-feu pour les Syriens. Oudaï Tikriti vit ici depuis plusieurs mois. Il qualifie cette mesure de "punition collective", tout en admettant les difficultés auxquelles le Liban est confronté. "Moi, je prends en considération le fait qu'il y a un État ici, et que Le Liban est un petit pays, qui n'a pas les moyens d'accueillir un nombre aussi énorme de réfugiés syriens", admet-il. "Mais il faut trouver un équilibre entre les difficultés économiques du pays et la question humanitaire".

 Mais, à mesure que la guerre s'éternise en Syrie, cet équilibre semble de plus en plus difficile à trouver. Le Liban a d’ailleurs demandé à plusieurs reprises une aide internationale pour pouvoir gérer le flot des réfugiés syriens. Fin septembre, à la tribune de l’ONU, le président libanais, Michel Sleiman, a lancé un appel à l’aide aux "pays amis" pour supporter le "lourd fardeau" de plus d’un million de réfugiés syriens, ce qui "dépasse les capacités d’accueil du Liban".