Alors qu'Al-Jazira demandait l'ouverture d'un bureau à Alger en échange de la diffusion du barrage aller du Mondial-2014 entre le Burkina Faso et l'Algérie, la télévision nationale algérienne a dénoncé un chantage et décidé de pirater le match.
C’est une retransmission peu banale, à laquelle les téléspectateurs algériens ont assisté samedi en regardant le barrage aller entre le Burkina Faso et l’Algérie. En conflit avec Al-Jazira qui détient les droits de diffusion des rencontres du dernier tour africain qualificatif pour le Mondial-2014, la télévision nationale algérienne [ENTV] a piraté le match par le biais de la télévision burkinabé [RTP], pour pouvoir le diffuser.
L’ENTV a justifié cette décision, en accusant la chaîne qatarie d’avoir pratiqué un chantage lors de la négociation autour de cette rencontre. Comme le rapporte le site spécialisé lebuteur.com, "les responsables d’Al-Jazira, qui ne possèdent plus de bureau permanent à Alger, ont exigé la réouverture de leurs bureaux en Algérie [fermés depuis 2004, ndlr], en contre-partie de la retransmission du match Burkina Faso-Algérie. Chose que les dirigeants algériens ont réfutée et décidé de rompre les négociations, après avoir reçu des instructions de la part des plus hauts responsables du pays".
Vexée par ce premier refus, Al Jazeera aurait alors "mis la barre très haut en exigeant la somme de 1,5 million de dollars" auprès de l’ENTV. Proposition rejetée par la télévision nationale algérienne, qui a alors décidé de retransmettre la rencontre sans autorisation. Alors que l’ENTV a fait valoir dans son journal de 20h, "le droit des téléspectateurs algériens de voir évoluer son équipe nationale en dehors de son territoire", Al-Jazira a pour sa part dénoncé un vol en affichant au cours du match une pancarte avec cette inscription : "le match est diffusé par la TV nationale algérienne de façon illégale sans qu’elle n’ait obtenu aucune autorisation".
"Ils ont volé"
Pour sa défense l’ENTV affirme également que la chaîne qatarie avait eu recours au même procédé en mai dernier lors de la diffusion de la dernière Coupe d’Algérie . "On ne leur a jamais vendu les images. On avait offert la retransmission de cette rencontre gratuitement aux chaînes arabes, mais cette chaîne de télévision (Al-Jazira, NDLR) n’était pas concernée. Ils l’ont volée et retransmise en direct. Donc ce qu’on a fait samedi, c’était prémédité", s’est ainsi justifié le directeur général de l’ENTV, Tewkif Khelladi auprès du site lebuteur.com.
Dans les médias algériens, les avis sont partagés autour de l’attitude de la chaîne nationale. Alors que le quotidien El Watan qualifie cela "d’une entorse pour le moins hasardeuse à ce qui se pratique comme lois et principes dans le domaine des droits de diffusion", l’Expression s’emporte de son côté contre Al-Jazira qui a "dépassé la ligne rouge".
"À travers ce message, les responsables algériens ont voulu expliquer aux Qataris, que l'Algérie est un pays souverain et indépendant, qu'il n'est pas comme certains pays arabes, qui sont prêts à vendre leur âme au diable, pour obtenir les droits gratuitement des matchs de leur pays", peut-on ainsi lire dans les pages de ce journal.
Le dossier est désormais entre les mains de la justice. Al-Jazira a en effet annoncé qu’elle allait poursuivre l’ENTV pour ce piratage. La chaîne qatarie a également saisi la Confédération africaine de football (CAF), qui a fait savoir aux responsables de la télévision algérienne qu'elle se réservait aussi le droit d'engager des poursuites judiciaires. En attendant d’éventuelles sanctions, l’ENTV affirme que la diffusion du match retour le 19 novembre prochain ne posera pas autant de problèmes, car il se déroulera à Blida, en Algérie : "Nous produirons le signal, nous le diffuserons sur la chaîne terrestre, et nous allons négocier avec Al-Jazira le droit pour le satellite".