L'Union africaine a demandé à l'ONU l'ajournement des procédures de la Cour pénale internationale contre les présidents en exercice. La résolution réclame que cette suspension intervienne avant le début du procès de M. Kenyatta.
Un président en exercice n'a pas à être jugé par la Cour pénale internationale (CPI), ont estimé samedi 12 octobre les ministres des affaires étrangères de l'Union africaine (UA), dont les recommandations doivent être entérinées par les chefs d'État, réunis à leur tour au siège de l'organisation, à Addis-Abeba. L'UA a ainsi décidé que le président kényan Uhuru Kenyatta ne devrait pas se rendre devant la Cour pénale internationale (CPI).
"Il faut souligner que notre objectif n'est pas et ne doit pas être une croisade contre la CPI, mais un appel solennel pour qu'elle prenne sérieusement en compte les préoccupations de l'Afrique", a déclaré le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, à l'ouverture du sommet.
Les ministres ont donc recommandé la suspension des poursuites de la CPI à l'encontre du président kényan, Uhuru Kenyatta, et de son vice-président, William Ruto, inculpés pour la vague de violences post-électorales de 2007.
Le procès de William Ruto s'est ouvert en septembre et celui du président kényan doit démarrer le 12 novembre. Tous deux sont accusés de crimes contre l'humanité.
"Nous avons souligné que les chefs d'État en exercice et les gouvernements en place ne devaient pas être poursuivis tant qu'ils sont en fonction", avait déclaré la veille le chef de la diplomatie éthiopienne Tedros Adhanom après avoir élaboré les recommandations en vue du sommet.
Son homologue kényanne Amina Mohamed s'est déclarée satisfaite de l'issue de la réunion, ajoutant que ne pas poursuivre un président en fonction était "un principe inscrit depuis longtemps" dans le droit international.
"Deux poids, deux mesures"
Le seul prévenu condamné à ce jour par la CPI est Africain, comme tous les autres inculpés, ce qui alimente l'idée répandue en Afrique que la Cour fait deux poids deux mesures.
"Nous avons rejeté la politique de deux poids deux mesures que la CPI applique lorsqu'elle rend la justice internationale", a dit le ministre éthiopien des Affaires étrangères aux délégués présents à Addis-Abeba, en ajoutant que juger le président
kényan et son vice-président enfreignait la souveraineté de ce pays.
"Par conséquent, nous avons souligné que les chefs d'État et les gouvernements ne devaient pas être poursuivis tant qu'ils sont en fonction", a répété Tedros Adhanom.
"Exiger le respect est pour l'Afrique la moindre des choses", a dit à Reuters la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo. "Mais je n'aime pas que l'on se méprenne là-dessus, comme nous l'avons vu faire par certains des détracteurs de cette initiative - et que l'on pense que les Africains recherchent l'impunité. Ce n'est pas le cas", a-t-elle souligné.
Avec dépêches