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Le maire socialiste de Hénin-Beaumont placé en détention

Gérard Dalongeville a été incarcéré après sa mise en examen pour détournement de fonds, en compagnie de deux autres personnes travaillant pour la mairie de la commune. Il risque jusqu'à dix ans de prison et 150 000 euros d'amende.

AFP - Le maire PS de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Gérard Dalongeville, a été mis en examen et écroué jeudi pour son implication présumée dans un système de fausses factures qui pourraient atteindre quatre millions d'euros.

M. Dalongeville est sorti sous escorte policière du palais de justice de Béthune vers 21H30, a constaté un photographe de l'AFP.

Interpellé mardi matin à son domicile, il avait été placé en garde à vue pendant 48 heures et mis en examen jeudi pour détournement de fonds publics, faux en écriture et favoritisme.

Son ancien premier adjoint chargé des finances de 2001 à 2008, Claude Chopin, ainsi que l'éditeur du bulletin municipal de la commune "Le journal du pays", en liquidation judiciaire, Guy Mollet, ont également été mis en examen pour les mêmes chefs et placés en détention provisoire.

Les trois hommes, qui "n'ont pas apporté d'explications précises" lors de leurs auditions, selon le parquet, encourent dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.

L'enquête, lancée en juin 2008, a mis au jour un système de fausses factures établies entre 2006 et 2008 au bénéfice de sociétés qui n'ont jamais honoré les prestations correspondantes.

Ces factures, dont le montant a été provisoirement établi à 900.000 euros mais qui pourrait atteindre pas moins de quatre millions d'euros, ont été "avalisées" par MM. Dalongeville et Chopin, selon le parquet de Béthune.

Par ailleurs, M. Mollet a bénéficié de voyages privés en avion-taxi, notamment au Luxembourg, réglés par la mairie d'Hénin via l'établissement d'autres fausses factures.

"L'enquête tend plutôt vers la thèse de l'enrichissement personnel", selon la procureure de la République de Béthune, Brigitte Lamy.

Les enquêteurs ont découvert dans le bureau de M. Dalongeville à la mairie 13.000 euros en liquide pour lesquels "M. Dalongeville n'a fourni aucune explication".

L'élu avait fait savoir mercredi, par la voix de son avocat, qu'il réfutait tout accusation d'enrichissement personnel.

Epinglé à plusieurs reprises depuis 2003 pour sa gestion dispendieuse, le maire a récemment fait les frais d'un nouveau rapport accablant de la Chambre régionale des comptes (CRC) du Pas-de-Calais, ce qui lui vaut d'être menacé de suspension par le préfet.

"La décision n'a toujours pas été prise", a fait savoir jeudi la préfecture du Pas-de-Calais.

A l'époque dissident du PS, M. Dalongeville avait conquis la mairie d'Hénin-Beaumont en 2001 face au sortant socialiste. Il a été réélu en 2008 face à Marine Le Pen (FN) à la tête d'une liste constituée avec le PS, qui l'a ensuite réintégré.

Il pourait être exclu du PS après avoir fait voter lundi le retrait des délégations de sa première adjointe socialiste, Marie-Noëlle Liennemann, et d'un élu communiste, qui avaient refusé de voter son budget.