
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le chef du gouvernement italien, Enrico Letta, se sont rendus mercredi à Lampedusa, six jours après le naufrage d’un bateau de migrants qui a fait plus de 300 morts.
"Honte !", "Assassins !" À leur arrivée à Lampedusa, ce mercredi 9 octobre, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le président du Conseil italien, Enrico Letta, ont essuyé les insultes d’un petit groupe d’habitants de l’île italienne.
Les manifestants ont brandi des photos de migrants tout en huant la délégation, qui comprenait également la commissaire chargée des Affaires intérieures, Cecilia Malmström, et du vice-Premier ministre italien et ministre de l'Intérieur, Angelino Alfano.
Invité sur la petite île italienne sur initiative du maire de la localité, José Manuel Barroso a promis que des efforts seraient faits afin de régler la crise migratoire qui touche la région. Une aide d'urgence d'un montant de 30 millions d'euros va ainsi être allouée afin d’améliorer les conditions de vie des migrants. Actuellement, ils sont près de 900 à être hébergés dans des locaux dont la capacité est de 250 places, une situation qui a suscité des critiques de la part des Nations unies et d'autres organisations humanitaires ces derniers jours.
"Ces centaines de cercueils gravés dans ma mémoire"
Les responsables italiens et européens se sont également recueillis devant les corps de 289 migrants, pour la plupart érythréens, qui furent repêchés en mer après le naufrage de jeudi dernier qui a fait entre 300 et 390 morts. “L'image de ces centaines de cercueils ne s'effacera jamais de ma mémoire", a déclaré José Manuel Barroso, devant la presse, visiblement ému.
Enrico Letta, de son côté, a annoncé que des funérailles nationales seraient organisées pour les victimes du naufrage, qui s'est produit à environ un kilomètre des côtes. Il a reconnu que les conditions de vie dans le centre d'accueil de Lampedusa n'étaient pas dignes d'un pays civilisé.
Les deux hommes et leur délégation ont également rencontré les garde-côtes, les ONG et les personnalités locales ainsi qu'un groupe de réfugiés.
30 000 migrants en Italie depuis le début de l’année
Mardi, Cecilia Malmström avait appelé les États membres de l'UE à mettre en place une vaste opération de "sécurité et de sauvetage" de migrants en Méditerranée. Les États membres étant appelés à fournir des navires, des avions et surtout de l'argent pour permettre à Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes, de mener à bien cette mission.
En matière d'asile en revanche, une modification de l'accord de Dublin II, qui impose actuellement aux pays d'arrivée des demandeurs de traiter les demandes, est exclue, les pays du Nord de l'Europe y étant opposés.
L'île de Lampedusa, qui compte moins de 6 000 habitants, reproche au gouvernement de ne pas avoir de politique d'accueil cohérente et à l'Europe de ne pas être suffisamment solidaire. Plus de 30 000 migrants ont gagné le territoire italien depuis le début de l'année, selon un décompte établi la semaine passée. Environ 7 500 d'entre eux fuyaient la guerre civile en Syrie, 7 500 étaient des réfugiés politiques érythréens et 3 000 tentaient d'échapper aux violences en Somalie.
Avec dépêches