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Refusant la "tyrannie" de Bachar al-Assad et la lutte armée du CNS, des mouvements d’opposition pacifiques, tolérés par le régime, offrent une alternative pour résoudre le conflit syrien, mais peinent à se faire entendre. Une équipe de FRANCE 24 est allée à leur rencontre.

La Coalition nationale syrienne (CNS) reconnue par l’Occident et les pays du Golfe, n’est pas l’unique mouvement d’opposition en Syrie. Des mouvements hostiles au régime de Bachar al-Assad, tolérés par le pouvoir, existent mais ils peinent singulièrement à se faire entendre.

Une opposition non armée

Fondé en 2011 par l’écrivain Louay Hussein, "Construire l’État syrien" est un mouvement d’opposition qui ne se reconnaît ni dans la "tyrannie du régime", ni dans l’opposition armée du CNS. "Mes amis ont pris les armes et ont commencé à se battre, mais je ne voyais pas ce que la lutte armée pouvait nous apporter", explique à FRANCE 24 Moussab Khalaf, un jeune homme originaire de la Ghouta orientale, qui a rallié le mouvement lorsque sa maison a été détruite. "Le recours à la force ne permettra pas de trouver une solution à la Syrie".

Un autre mouvement d’opposition de l’intérieur, de plus grande ampleur, tente lui aussi de s’imposer : le Comite national de coordination pour le changement démocratique (CNCCD), dirigé par Raja al-Nasser. Cet ancien juge, envoyé à huit reprises dans les geôles syriennes, place également le régime et le CNS au même niveau. "Aucun des deux camps n’est capable de parvenir à un résultat sur le terrain donc la guerre va continuer", déplore le responsable du CNCCD.

Un faible appui populaire

Ces deux mouvements d’opposition, qui se retrouvent autour de valeurs communes ancrées à gauche, souffrent du même mal : "Les deux figures d’intellectuels [de ces mouvements] n’ont jamais bénéficié d’un très vaste soutien populaire même avant le début de la crise syrienne", assure Selim el-Meddeb, correspondant de FRANCE 24 à Damas. "Pourtant leur position commune de rejet du régime et de l’opposition armée recoupe le sentiment d’une partie importante de la population", nuance le journaliste, tout en ajoutant combien il est difficile d’évaluer avec précision leur véritable popularité dans la mesure où il n’y a pas d’élection.

Précisons également que la coalition nationale syrienne, soutenue par l’Occident et les pays du Golfe, ne jouit pas non plus d’un soutien populaire considérable "que ce soit dans des zones contrôlées par le régime ou les zones rebelles", souligne encore le correspondant de FRANCE 24.

Une action limitée

Reste la question de l’indépendance de ces mouvements d’opposition pacifique. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a affirmé samedi 28 septembre à New York qu’il lui était possible de s’asseoir à la table des négociations avec ces mouvements d’opposition tolérés, sans les nommer. Est-ce à dire que ces mouvements seraient instrumentalisés par le régime ? "Ce n’est absolument pas le cas", assure Selim el-Meddeb qui précise, par ailleurs, que ces opposants se sont régulièrement retrouvés en prison ou en exil.