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Castorama et Leroy Merlin défient l'interdiction de travail dominical

Malgré l'interdiction prononcée par la justice jeudi, les enseignes de bricolage Leroy Merlin et Castorama ont maintenu l'ouverture de 14 magasins d'Ile-de-France ce dimanche. Le débat sur le travail dominical est relancé.

C'est le retour du débat sur le travail le dimanche en France. Ignorant une récente décision de justice, les enseignes de bricolage Castorama et Leroy Merlin ont ouvert 14 de leurs magasins d’Ile-de-France ce dimanche 29 septembre.

BENOÎT HAMON S'EN PREND OUVERTEMENT À LEROY-MERLIN

Le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon, a jugé samedi "insupportable' et "inadmissible" que des chaînes de bricolage veuillent passer outre à une décision de justice interdisant l'ouverture des magasins le dimanche.

"Qu'on dise qu'on n'appliquera pas une décision de justice, ça c'est insupportable, a-t-il dit sur France Info, s'en prenant notamment à Leroy-Merlin. Il est inadmissible qu'une marque dise 'je ne respecterai pas une décision de justice.'"

"Elle est bien contente que l'on fasse respecter les décisions de justice quand quelqu'un vient piquer des éléments de bricolage, donc un peu de responsabilité de la part des patrons, ça ne ferait pas de mal", a-t-il ajouté.

REUTERS.

À la suite d’une plainte déposée par leur concurrent Bricorama pour "rupture d’égalité", le tribunal de commerce de Bobigny les avait pourtant menacés jeudi dernier d’une astreinte de 120 000 euros par magasin et par jour d’ouverture, si sa décision de fermeture n’était pas respectée. Malgré ce risque, Leroy Merlin a annoncé vendredi qu'il comptait non seulement "maintenir, pour le moment, l'activité des neuf magasins" concernés par l'interdiction sur les 20 implantés en région parisienne, mais aussi faire appel de la décision de justice.

De son côté, Castorama avait annoncé qu'il ouvrirait ses magasins dimanche, "sous réserve d'obtenir les autorisations appropriées". Un sésame peut en effet être délivré par les maires, les préfectures ou encore en vertu du classement du magasin en zone Puce (Périmètre d’usage de consommation exceptionnel). L’enseigne étudiait aussi l'opportunité de faire appel et d'utiliser "toutes les voies possibles pour obtenir des autorisations d'ouverture pour les enseignes concernées".

Un chiffres d'affaires de 15 à 20 % le dimanche

D’après la Fédération des magasins de bricolage (FMB), sur les "7 000 collaborateurs franciliens volontaires" adeptes du travail le dimanche chez Castorama et Leroy Merlin,"1 200 personnes sont concernées par la fermeture" imposée aux deux enseignes. La FMB estime que "15 à 20% du chiffre d'affaires" de ces enseignes est réalisé le dimanche.

Pour "défendre leur droit à travailler le dimanche", plusieurs dizaines de membres des "Bricoleurs du dimanche", un collectif de salariés créé via les réseaux sociaux, ont manifesté vendredi : ils étaient entre 50 et 60 devant la préfecture de Créteil et une quarantaine devant celle de Bobigny.

Selon le code du travail français, le repos hebdomadaire d'un salarié doit être de 24 heures consécutives et est accordé "dans l'intérêt des salariés" le dimanche. Des dérogations sont toutefois prévues pour certains types de commerce comme la restauration, les musées, les entreprises de presse ou l'ameublement et depuis 2009 dans les communes touristiques et les agglomérations de Paris, Lille et Marseille.

Le gouvernement refuse de changer la loi

La polémique sur le travail nocturne et dominical dans le commerce avait déjà rebondi lundi dernier, quand le parfumeur Sephora, propriété du groupe LVMH, a été condamné à fermer son magasin amiral des Champs-Elysées à 21h. La plus grande organisation patronale, le Medef, mais aussi plusieurs députés de l'opposition et de la majorité s'opposent à de telles interdictions, rejoignant les 64 % des Français favorables à une ouverture des magasins au-delà de 21h00 dans les zones touristiques.

Mais le gouvernement ne semble pas vouloir modifier la loi. Interpellé en mai par une dizaine de députés PS qui lui demandaient d'autoriser les magasins de bricolage d'Ile-de-France à ouvrir le dimanche, le ministre du Travail, Michel Sapin, avait ainsi déclaré qu'il ne souhaitait pas "grignoter par petits morceaux le repos dominical".

Avec dépêches