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Soudan : manifestations massives contre le régime d’Omar el-Béchir

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi dans tout le Soudan contre la hausse des prix. Une contestation que le régime d’Omar el-Béchir a du mal à endiguer et qui prend un tournant de plus en plus politique.

Au Soudan, des milliers de personnes ont manifesté vendredi 27 septembre pour appeler à la démission du président Omar Hassan el-Béchir. La contestation, qui s’est organisée à la sortie de la grande prière hebdomadaire du vendredi, prend un tournant de plus en plus politique.

DES CENTAINES DE MANIFESTANTS INTERPELLÉS

Le ministère soudanais de l'Intérieur a annoncé vendredi soir que 600 manifestants avaient été interpellés par les autorités depuis le début des protestations, il y a cinq jours.

Selon le communiqué, ces "600 personnes ont été arrêtées pour leur participation aux actes de vandalisme et seront jugées la semaine prochaine".
 

Depuis quelques jours, les foyers de contestation se sont multipliés. À Khartoum et à Omdurman, près de 3 000 personnes ont envahi le marché central pour manifester contre la hausse des prix. Auparavant, ils s’étaient réunis aux cris de "Liberté, liberté", et "Le peuple veut renverser le régime", rapporte l’AFP.

À Bahri, un quartier au nord de Khartoum, et Wad Madani, une localité située au sud de la capitale, des manifestants ont également battu le pavé.

Le centre de Karthoum a été le théâtre d’un important déploiement de l’armée, qui a positionné des camions équipés de canons de DCA. Une centaine de soldats, policiers et agents en civils gardent notamment le quartier administratif de la ville.

Des dizaines de morts

Ces derniers jours, déjà, des manifestants avaient marché pour dénoncer la suppression des subventions publiques au prix des carburants, officialisée le 23 septembre.

Jeudi soir, les autorités du pays faisaient état d’un bilan de 29 morts, dont plusieurs membres des forces de l’ordre. L’opposition, appuyée par plusieurs ONG présentes sur place, évoque des chiffres plus importants. Selon les sources, les bilans oscillent entre 50 et 100 décès depuis le début de la crise. Human Rights Watch explique dans un communiqué avoir la confirmation que le véritable bilan est supérieur aux 29 morts annoncés par le gouvernement. Par ailleurs, plusieurs centaines de manifestants ont été interpellés.

"Ouvrir le feu avec l'intention de tuer, notamment en visant la poitrine et la tête, constitue une violation flagrante du droit à la vie. Les autorités soudanaises doivent faire cesser sur le champ la répression violente menée par les forces de sécurité", a estimé notamment Lucy Freeman, directrice adjointe pour l'Afrique à Amnesty International.

Crise économique

Le Soudan, qui a perdu l’accès aux trois quarts de ses réserves de pétrôle depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, est confronté à une grave crise économique. Il avait jusqu’alors réussi à échapper aux troubles des "printemps arabes" qui ont balayé plusieurs gouvernements autocratiques de la région.

Mais les manifestants réclament aujourd’hui ouvertement la tête d’Omar el-Béchir ainsi que celle des hauts responsables du régime. Au pouvoir depuis le coup d’État militaire de 1989, le président soudanais est par ailleurs toujours recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle présumé dans les exactions au Darfour.

Avec dépêches