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Roms : le gouvernement accusé de ne pas appliquer ses propres règles

Le défenseur des droits, Dominique Baudis, accuse le gouvernement de ne pas appliquer une circulaire du 26 août 2012 encadrant le démantèlement des camps de Roms. Une déclaration qui intervient après les propos polémiques de Manuel Valls.

Alors que le dossier des Roms continue de susciter des remous au sein du gouvernement, le défenseur des droits, Dominique Baudis, a dénoncé vendredi 27 septembre les démantèlements de campements sans autorisation de justice préalable. Dominique Baudis, dont la fonction consiste notamment  à lutter contre les discriminations ethniques, a accusé le gouvernement de ne pas respecter sa circulaire 26 août 2012 encadrant le démantèlement des camps de Roms.

"Trop souvent les évacuations se produisent sans décision de justice préalable. Trop souvent le délai des trois mois entre le jugement et le démantèlement n'est pas respecté", bien que ce délai soit "nécessaire" pour réaliser les diagnostics des populations, a souligné Dominique Baudis lors de l’ouverture d’un colloque sur le sujet à l’Assemblée nationale.

La circulaire en question prévoit un diagnostic social des populations en amont des évacuations et un accompagnement en aval. L’intervention publique du défenseur des droits survient au lendemain d’une déclaration du Premier ministre Jean-Marc Ayrault présentant cette circulaire comme "la politique du gouvernement".

"Un défi adressé à tout notre continent"

"Il y a tout dedans, y compris la fermeté, y compris le respect du droit mais aussi tout le travail d'intégration, tout le travail d'accompagnement social", affirmait jeudi le chef du gouvernement. Une mise au point faisant suite à une déclaration controversée du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, affirmant que seule une minorité de Roms voulaient s'intégrer et que leurs "modes de vie" était en "confrontation" avec celui des populations locales. Cette prise de position a été critiquée au sein même du Parti socialiste et du gouvernement par la ministre Cécile Duflot notamment.

Dans ce contexte "difficile", le défenseur des droits a dénoncé "l'irrationnalité des arguments, des comportements et des prises de position". Mais, a-t-il ajouté, "on ne peut pas réduire à un problème national ce qui est un défi adressé à tout notre continent".

Dominique Baudis a donc demandé à Viviane Reding, commissaire aux droits fondamentaux, de réunir tous les responsables européens en charge de la lutte contre les discriminations pour établir une stratégie commune.

En France, près de 400 campements informels abritent environ 17 000 personnes, dont une grande partie est présente sur le territoire depuis plus de cinq ans, selon un recensement réalisé cet été par la délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement (Dihal) chargée du suivi de l'application de la circulaire.

Avec dépêches