
Une semaine après la mort du rappeur Pavlos Fyssas, assassiné par un membre du parti néo-nazi Aube dorée, des milliers de Grecs ont manifesté pour détruire "le monstre du fascisme". Aube dorée compte des députés au Parlement depuis juin 2012.
Au moins 10 000 personnes ont défilé mercredi 25 septembre à Athènes et des milliers d'autres dans la plupart des villes de Grèce contre le parti néo-nazi Aube dorée, représenté au Parlement depuis juin 2012. Une semaine après l’assassinat, par un membre du parti d’extrême droite, du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, fait divers qui avait provoqué des heurts entre policiers et jeunes de l’extrême gauche, les Grecs ont appelé à détruire "le monstre du fascisme" .
Depuis quelques jours, et après des mois d’une passivité frôlant parfois la complaisance à l’égard des violences xénophobes des membres d'Aube dorée, les autorités bougent enfin, poussés par la pression populaire. Mercredi, la justice grecque a aisni ordonné une enquête dans l’armée et les services de police, bastions, selon la presse, de militants néo-nazis. Par ailleurs, plusieurs perquisitions devraient avoir lieu dans les locaux d’Aube dorée dans les jours qui viennent.
En début de semaine, deux hauts gradés de la police dans le sud et le centre de la Grèce ont démissionné. Parallèlement, plusieurs cadres de la police sur l’île d’Eubée, au nord d’Athènes, ont été relevés de leurs fonctions. Ils avaient refusé d’enquêter sur la présence d’armes dans les bureaux de la section locale d’Aube dorée.
"Révélations effrayantes"
En Grèce, où le souvenir douloureux de la junte des colonels entre 1967 et 1974 reste vif, la presse s’est unanimement rangée du côté des anti-fascistes. "Les journaux, qui suivent de très près l’enquête sur ce parti, a fait des déclarations effrayantes, rapporte Alexia Kefalas, la correspondante de FRANCE 24 à Athènes. Selon la presse, des armateurs, mais aussi des archevêques de l’Église de Grèce, auraient participé au financement de ce parti pour entretenir cette idéologie : ’La Grèce aux Grecs’."
La presse révèle également, explique la journaliste, que le parti avait mis en place une sorte d’école de l’idéologie d’Aube dorée. "Le parti formait ce qu’ils appelaient les centaures, composés de collégiens, de lycéens… Une véritable section d’assaut qui œuvrait non seulement dans le quartier où a eu lieu l’assassinat du rappeur, mais aussi dans toute la Grèce", précise notre correspondante.
Alors que la colère populaire grandit contre Aube dorée et que l’étau judiciaire se resserre autour du parti, ses membres tentent de se faire entendre, en vain. "Aube dorée est en train de paniquer, estime Alexia Kefalas. Leurs déclarations sont très peu reprises dans la presse.[…] À l’heure actuelle, tout porte à croire que le parti va disparaître […]. Dans les sondages d’opinion publiés dans la presse cette semaine, le parti, qui était jusqu’à présent crédité de 13 %, aurait déjà perdu près de quatre points".