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"L'Iran n'est pas une menace pour le monde", assure Hassan Rohani

Hassan Rohani le président iranien nouvellement élu a, dans un discours devant l’ONU, adopté un ton moins belliqueux que son prédécesseur sans pour autant changer la ligne officielle de l’Iran sur la question du nucléaire.

Le président iranien Hassan Rohani a soufflé le chaud et le froid mardi 24 septembre lors de son discours devant l’ONU, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’organisation. L’homme, considéré comme un modéré, a poursuivi sa tentative de réchauffement des relations irano-occidentales en adoptant une attitude moins belliqueuse que son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad. Cependant, rien, dans ses propos, ne change fondamentalement  la position officielle de l’Iran, notamment sur la question du nucléaire iranien.

Devant les 193 représentants des pays membres de l’ONU, Hassan Rohani n’a cessé de marteler que l’Iran n’était "absolument pas une menace pour le monde ou pour sa région" et que son pays était "déterminé à agir de manière responsable concernant la sécurité internationale et régionale".

Offensive de charme

L'Holocauste, un "grand crime" selon Rohani

Au cours d’une interview à CNN, le président iranien a reconnu l’existence de l’Holocauste pendant la Seconde Guerre mondiale, contrairement à son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad qui l’avait qualifiée de "tromperie".

"Tout crime contre l'humanité, y compris les crimes commis par les nazis envers les juifs, est répréhensible et condamnable", a-t-il déclaré.

"Tuer un être humain est méprisable. Cela ne fait pas de différence s'il est chrétien, juif ou musulman", a-t-il affirmé. "Pour nous, c'est la même chose".

"Cela ne veut pas dire que puisque les nazis ont commis des crimes contre un groupe, ce groupe doit confisquer la terre d'un autre groupe et l'occuper", a-t-il ajouté. "Cela aussi est un acte qui devrait être condamné".

"Nous défendons la paix basée sur la démocratie et les bulletins de vote partout dans le monde, y compris en Syrie ou au Bahreïn et dans les autres pays de la région", a-t-il déclaré. "Il n’y a pas de solution violente aux crises du monde", a-t-il ajouté, exhortant le président américain Barack Obama à "résister aux groupes bellicistes".

Plus tôt, le chef de l’État américain avait, dans son discours, estimé que "la voie diplomatique mérit[ait] d’être essayée avec l’Iran", tout en restant lui aussi sur ses positions concernant le programme nucléaire iranien.

Malgré le ton pacifiste de son discours, diamétralement opposé à la violence avec laquelle Mahmoud Ahmadinejad s’adressait aux diplomates occidentaux, le président iranien n’a rien lâché sur l’enrichissement de l’uranium. Son pays, a-t-il affirmé, ne cherche pas à se doter de l’arme nucléaire, comme l’en suspecte fortement la communauté internationale.

"Les armes nucléaires et les autres armes de destruction massive n'ont pas leur place dans la doctrine de sécurité et de défense de l'Iran et elles sont en contradiction avec nos fondamentaux religieux et éthiques", a-t-il assuré.

Une promesse de campagne

Cette question a valu au pays, au cours de ces sept dernières années, six résolutions de l’ONU, dont quatre assorties de sanctions. L’Iran est aujourd’hui partiellement sous embargo. La population iranienne souffre du chômage et de la pauvreté, aggravés par une inflation galopante, d'un manque de médicaments…

"Contrairement à ce que disent ceux qui les décident et les imposent, ce n'est pas l'État et l'élite politique qui sont visés, c'est plutôt le peuple ordinaire qui en est victime."

Hassan Rohani entend obtenir la levée, ou pour le moins l’allègement, de ces sanctions économiques qui étouffent son pays. L’apaisement des relations de l’Iran avec l’Occident faisait d’ailleurs partie de ses promesses de campagne électorale.

"Nous pouvons arriver à un cadre pour aplanir nos divergences [avec les Occidentaux], a poursuivi Hassan Rohani devant l’ONU. À cette fin, sur un pied d'égalité et dans un respect mutuel, les principes reconnus du droit international doivent prévaloir (...). Bien sûr, nous nous attendons à entendre un discours cohérent de Washington."

Une entrevue entre Barack Obama et son homologue iranien, un temps évoquée, n’a cependant pas eu lieu. "La rencontre était trop compliquée à organiser pour les Iraniens", a affirmé la Maison Blanche. Une telle entrevue aurait été une petite révolution diplomatique tant les relations entre les deux pays ont été marquées par des tensions croissantes ces dernières années.

L'État hébreu peu réceptif au discours de paix de Rohani

Les tentatives d’apaisement de Hassan Rohani suscitent un espoir prudent chez les diplomates occidentaux, mais n’ont pas du tout séduit les autorités israéliennes. Le Premier ministre de l’État hébreu Benyamin Nétanyahou a qualifié le discours du président iranien de "cynique" et "d'hypocrite". "Cette intervention traduit exactement la stratégie iranienne qui consiste à parler et à gagner du temps pour faire progresser ses capacités à se doter d'armes nucléaires".

Hassan Rohani, alors qu’il était négociateur en chef de l’Iran pour le programme nucléaire de son pays, "s'est vanté il y a une décennie d'avoir trompé l'Occident de telle sorte que pendant que l'Iran menait des discussions, ce pays avançait simultanément son programme nucléaire", a estimé Benyamin Netanyahou. "La communauté internationale doit tester l'Iran non pas sur ses paroles mais sur ses actions".

Yuval Steinitz, chef de la délégation israélienne a boycotté le discours du président iranien. "Plus la pression économique et militaire augmente sur l'Iran, plus la diplomatie a des chances de succès", a-t-il affirmé.

Avec dépêches