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Les autorités de Guantanamo considèrent la grève de la faim terminée

La prison de Guantanamo a annoncé la fin de la grève de la faim que menaient des prisonniers depuis six mois, en décidant d'arrêter son décompte quotidien. Suivis par 106 détenus, le mouvement n'en compte désormais plus que 19.

La prison de Guantanamo a de fait prononcé la fin d'une grève de la faim sans précédent parmi les détenus, en décidant lundi de mettre un terme à son décompte quotidien d'un mouvement au plus bas depuis son lancement.

Dans son ultime bilan quotidien, le lieutenant-colonel Samuel House, porte-parole de la prison, a précisé que 19 détenus sur les 164 hommes incarcérés à Guantanamo, suivaient encore le mouvement lundi, un chiffre au plus bas depuis le début du mouvement il y a plus de six mois, et qui n'a plus évolué depuis le 11 septembre.

Dix-huit d'entre eux étaient toujours alimentés lundi par une sonde naso-gastrique, et plus aucun n'était hospitalisé, a précisé ce porte-parole, qui considère cette proportion comparable au nombre résiduel de grévistes de la faim à Guantanamo.

Le mouvement qu'avocats et autorités qualifiaient de "sans précédent par sa durée et sa magnitude" a atteint 106 participants au plus fort de la grève de fin juin à mi-juillet, dont un maximum de 46 étaient nourris de force et jusqu'à une poignée d'entre eux ont été hospitalisés, selon les chiffres des autorités.

"Après le décompte d'aujourd'hui, la force de coalition de la Baie de Guantanamo (qui dirige la prison) ne publiera plus de bilan quotidien de la grève de la faim", explique Samuel House: "Depuis 2007, il y a toujours eu un faible nombre de détenus choisissant de faire une grève de la faim à long terme avec d'occasionnelles augmentations et diminutions" du nombre de participants.

"Depuis le 10 juillet 2013, le chiffre de grévistes baisse de manière significative et nous pensons que la participation d'aujourd'hui représente ceux qui veulent continuer le mouvement", ajoute-t-il dans son communiqué.

"Ils ont remis Guantanamo sur l'écran radar"

"Il y avait sept hommes en grève de la faim quand ce mouvement massif a commencé", a rappelé à l'AFP l'avocat David Remes, qui représente une quinzaine de prisonniers de Guantanamo.

"Tant qu'il restera une personne en grève de la faim, retenu sans inculpation ni traduit devant un tribunal injuste, la crise de Guantanamo se poursuivra", s'est insurgé de son côté Zeke Johnson, directeur d'Amnesty International en charge des questions de sécurité.

Une fouille du camp 6, où la majorité des hommes sont enfermés, avait mis le feu aux poudres, le 6 février, quand des gardiens ont examiné des corans d'une manière jugée blasphématoire par les prisonniers.

Mais, depuis plus de six mois, les avocats arguent que c'est surtout leur détention illimitée depuis 11 ans, sans inculpation ni procès, que dénonçaient la plupart des protestataires.

"Les hommes ont atteint leurs objectifs", s'est félicité lundi David Remes. "Ils ont remis Guantanamo sur l'écran radar", a-t-il expliqué à l'AFP, faisant allusion au discours de Barack Obama, en mai dernier, durant lequel le président américain avait réitéré sa promesse de fermer la prison. Le rapatriement des détenus a en outre repris, avec le retour de deux Algériens de Guantanamo le mois dernier.

Zeke Johnson considère encore toutefois "inachevé" l'objectif de Barack Obama de "mettre fin aux violations des droits de l'homme". "Il peut et doit avancer en transférant les détenus déclarés transférables."

Fin août, deux détenus algériens ont été rendus à leur pays, où ils ont été placés sous contrôle judiciaire. Il s'agissait des premiers transfèrements de Guantanamo depuis le rapatriement du Canadien Omar Khadr fin septembre 2012.

Dans son discours le 23 mai, Barack Obama a à nouveau sollicité l'aide du Congrès pour fermer la prison, et annoncé la levée du moratoire sur le transfèrement vers leur pays de détenus yéménites.

Sur les désormais 164 détenus de Guantanamo, 84 --dont 56 Yéménites-- ont été désignés comme transférables dans leur pays d'origine par les administrations des présidents George W. Bush et Obama.

Quelque 46 autres sont en détention illimitée, sans inculpation ni procès faute de preuves, mais jugés trop dangereux pour être libérés de cette prison controversée.

AFP