Près de 40 000 opposants au président Mikheil Saakachvili (photo d'archives) défilent à Tbilissi pour réclamer de nouvelles élections. La participation reste cependant plus faible que prévue : l'opposition tablait sur 150 000 participants.
REUTERS - Quelque 40.000 Géorgiens ont répondu jeudi à l'appel à manifester lancé par l'opposition contre le président Mikheil Saakachvili, dont le pouvoir a été fragilisé par la guerre de l'été dernier contre la Russie.
L'opposition, qui tablait sur la mobilisation de 150.000 partisans, a prévenu que les manifestations se poursuivraient tant que le président Saakachvili n'aurait pas démissionné et convoqué de nouvelles élections.
"Nous nous sommes fixé l'objectif de chasser du pouvoir l'actuel président illégitime, et nous y parviendrons", a promis l'opposante Salomé Zourabichvili, ancienne ministre des Affaires étrangères.
Dans la nuit, des centaines de policiers anti-émeutes s'étaient déployés devant le parlement, dans le centre de Tbilissi. Des pompiers ont également pris position.
"Nous sommes venus ici avec l'intention très ferme de pousser Saakachvili à la démission", expliquait Manana, un manifestant âgé croisé dans le cortège. "Cette fois, nous ne rentrerons pas chez nous, nous resterons ici jusqu'au bout."
Le Mouvement démocratique-Géorgie unie de l'opposant Nino Bourdjanadzé, ancien allié de Saakachvili, a affirmé qu'une soixantaine de ses sympathisants avaient été arrêtés alors qu'ils tentaient de gagner Tbilissi.
Information aussitôt démentie par le pouvoir. "C'est inexact", a dit Chota Outiachvili, porte-parole du ministère de l'Intérieur.
De nombreux observateurs émettaient des doutes quant à la cohésion de l'opposition, sa capacité à rassembler et l'ampleur du soutien dont elle jouit. La participation moindre qu'espérée tend à le démontrer.
Mais ils estiment que les frustrations accumulées en Géorgie pourraient faire dégénérer le mouvement en troubles violents. L'objectif ambitieux que s'est donné l'opposition pourrait en outre favoriser les plus radicaux.
L'appel lancé par l'opposition coïncide avec le 20e anniversaire de la violente répression d'une manifestation indépendantiste à Tbilissi, dans les derniers mois de l'Union soviétique.
Mikheil Saakachvili, qui s'est joint sous forte protection rapprochée à un rassemblement du souvenir, jeudi matin, a souligné que "la Géorgie, comme jamais auparavant, avait aujourd'hui besoin d'unité et de fermeté".
"Nous sommes un Etat démocratique où les gens ont des opinions différentes", a-t-il ajouté.