En France, Le Sénat a adopté, mercredi, le projet de loi sur l'égalité femmes-hommes. Parmi les mesures : la fin des concours de mini-miss, l'incitation au congé parental pour les pères et la parité dans les partis politiques et les entreprises.
Celles qui aspirent à jouer aux reines de beauté avant 18 ans peuvent ranger leurs sono et leurs paillettes. Les concours de mini-miss, phénomène de société importé des États-Unis, seront bientôt interdits en France. Ainsi en a décidé le Sénat qui vient d’adopter, en première lecture dans la nuit de mardi à mercredi, un amendement en ce sens, adossé au projet de loi sur l’égalité des femmes et des hommes.
Les sénateurs ont accepté (par 196 voix pour, et 146 contre) l’amendement de la centriste Chantal Jouanno qui prévoit une sanction de deux ans d'emprisonnement et 30 000 d'amende pour les personnes qui organisent ces concours - "qui ne concernent que les filles", a souligné l'ancienne ministre des Sports.
"Ne laissons pas nos filles croire dès le plus jeune âge qu'elles ne valent que par leur apparence. Ne laissons pas l'intérêt commercial l'emporter sur l'intérêt social", a-t-elle lancé en soulignant la nécessité de protéger les enfants.
En revanche, un autre amendement de Chantal Jouanno encadrant l'activité des mannequins enfants a été rejeté.
Congé parental aux pères
Cette mesure s’ajoute à de nombreux points qui figurent dans le projet de loi sur l’égalité des femmes et des hommes, défendu par la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem.
Parmi les changements phares : la réforme du congé parental, destinée à inciter davantage de pères à arrêter leur travail pour prendre du temps avec leurs enfants. Le gouvernement veut ainsi s'attaquer à "l'inégale répartition des responsabilités parentales" et lutter contre l'éloignement des mères du marché du travail, alors que le congé parental est actuellement pris à 97 % par les femmes.
À partir du 1er juillet 2014, les parents d'un seul enfant, qui ont aujourd'hui droit à six mois de congé, pourront prendre six mois de plus, à condition que ce soit le second parent qui en bénéficie. À partir de deux enfants, la durée du congé restera de trois ans à condition que six mois soient pris par le second parent, sinon elle sera raccourcie à deux ans et demi.
Le gouvernement escompte que le nombre d'hommes en congé parental passera de 18 000 actuellement à 100 000 d'ici la fin du quinquennat.
Toujours dans le domaine familial : les sénateurs ont adopté un amendement prévoyant "de privilégier dans l'intérêt des enfants la résidence alternée quand c'est possible" en cas de divorce des parents, alors que cette garde est généralement confiée aux femmes seules.
La chambre haute a également donné son feu vert à l'expérimentation d'un mécanisme de garantie contre les impayés de pensions alimentaires dans les Caisses d'allocations familiales (CAF) d'une dizaine de départements. La CAF se substituera au parent défaillant dès le premier mois pour verser une allocation de soutien familial, puis elle se retournera contre le débiteur. On estime que 40 % des pensions alimentaires ne sont pas versées, ou ne le sont que partiellement.
Doublement des sanctions financières contre les partis politiques
De leur côté, les entreprises condamnées pour discrimination ou non-respect des dispositions en matière d'égalité professionnelle ne pourront pas soumissionner aux marchés publics, une disposition vivement combattue par l'UMP.
Parmi les autres mesures figure le doublement des sanctions financières à l'égard des partis politiques ne respectant pas les objectifs de parité à partir des législatives de 2017. D'autres mesures ont trait notamment à la parité dans les instances sportives ou à l'image de la femme dans les médias audiovisuels.
Pour preuve que le sujet n'est toujours pas au cœur des préoccupations des partis politiques : le débat à la chambre haute a rassemblé plus de sénatrices que de sénateurs. "95 % des orateurs sont des sénatrices. Les hommes [ne sont] pas concernés", fait remarquer la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, sur Twitter. "Mercredi, quand on parlera du cumul des mandats, je fais le pari que tous les hommes seront dans cet hémicycle !", a raillé la sénatrice EELV Corinne Bouchoux, lorsqu'elle a pris la parole au Sénat.