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Nice : la famille du braqueur tué choquée par le soutien au bijoutier sur Facebook

Alors que la mobilisation sur les réseaux sociaux ne faiblit pas pour soutenir le bijoutier qui a abattu son braqueur mercredi, la famille de la victime a fait part de sa crainte que la justice soit rendue "sous la pression de l'opinion publique".

La famille du braqueur tué par un bijoutier mercredi a réagi, lundi 16 septembre, exprimant son écœurement face à l’ampleur de la mobilisation de soutien pour le commerçant à la fois victime de braquage et meurtrier, Stephan Turk.

"La justice, c'est pas Facebook, c'est pas Twitter. Le sens de la mesure, on l'a perdu dans cette affaire. La violence, on la connaît, l'exaspération des citoyens, on la connaît, on la partage. Mais enfin la légitime défense, c'est une chose, l'autodéfense, c'en est une autre", a dénoncé Me Philippe Soussi, l’avocat de la famille, lors d'une conférence de presse suivant un rassemblement de soutien au bijoutier à Nice. Selon lui, la justice "ne peut être rendue sous la pression de l'opinion publique".

Manuel Valls se rend à Nice

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et la ministre de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme Sylvia Pinel ont fait savoir qu'ils se rendraient mardi à Nice pour présider une réunion de travail avec les commerçants de la ville.

Sur la Toile, le soutien au bijoutier est sans précédent. Une page Facebook intitulée "Soutien au bijoutier de Nice" comptait près de 1,6 million de "fans" mardi midi. Les accusations de bidonnage autour de ce chiffre semblent aujourd’hui s’estomper. Le site Social Bakers avait analysé le détail des fans Facebook de cette page et avait affirmé que 80 % d'entre eux étaient basés à l'étranger. Mais le site a reconnu plus tard qu'il s'était trompé dans ses chiffres. Selon les spécialistes de Facebook, les fans sont bien Français, mais sont comptabilisés avec 24 à 48 heures de retard par le réseau social. Les 80 % de fans venant de l’étranger pouvaient donc n’être que des internautes non encore comptabilisés...

"On prend la défense d'un assassin !"

Une pétition électronique, créée le jour du braquage, a de son côté recueilli plus de 58 000 signatures. Le bijoutier a été mis en examen pour homicide volontaire et assigné à résidence pour avoir mortellement atteint par balle un de ses braqueurs.

"On vit un moment de folie sur les réseaux sociaux. On parle d'autodéfense et de vengeance. C'est le défouloir de passions totalement invraisemblables. Ces événements dépassent tout le monde et en particulier la justice", a encore expliqué l’avocat de la famille du braqueur en évoquant un possible dépaysement du dossier.

La sœur du jeune homme tué, Alexandra Asli, a elle aussi fait part de son incompréhension face à "l’ampleur" prise par cette affaire. Selon elle, "on salit la mémoire de (son) frère. Il n'était pas violent, les armes qu'il avait sur lui, c'étaient des fausses". "Il était plein de vie, il était amoureux", a-t-elle affirmé, décrivant son frère comme "influençable", et n’ayant " pas 19 ans dans sa tête". "D'accord c'était un petit délinquant. Mais aujourd'hui on prend la défense d'un assassin !", a-t-elle encore déploré. "Qu'il aille en prison comme n'importe quel délinquant. Il lui a tiré dans le dos, on l'a abattu comme un chien."

Avec dépêches